30 août
2012
Gagner sur le cancer, c’est vivre avec, en l’occurrence pour moi c’est continuer ma vie professionnelle et continuer à avoir des contacts clients comme avant. Après avoir subi la première partie de ma chimio pendant mes congés, il faut bien reprendre mon activité. J’ai un peu d’appréhension sur la réaction de mes interlocuteurs. Il est clair que la vision d’une personne dépourvue de son système pileux engendre une forme de compassion et d’inquiétude mêlée.
La
compassion je ne peux rien y faire, je n’en veux pas mais en même temps je ne
peux pas empêcher les personnes qui ont ce type de sentiments de l’exprimer
comme ils le veulent. L’inquiétude, c’est beaucoup plus dangereux dans le cadre
du travail, car ça peut engendrer une retenue sur des décisions, voir un refus
de collaborer avec quelqu’un avec qui il est difficile de mener un projet à
long terme.
Je me suis
donc lancé avec mes doutes dans ma première journée de contact client en
prenant enfin le risque de sortir de mon bureau. Rendez-vous avec deux
collaborateurs et une nouvelle cliente pour définir le cahier des charges de
son projet. J’ai déjà eu un contact visuel avec cette cliente avant ma chimio,
elle n’est au courant de rien et de mon coté, je n’ai pas prévu de lui parler
de quoi que ce soit en dehors du travail.
La
rencontre s’est faite tout naturellement, nous nous sommes salués, j’ai retiré
ma casquette en laissant apparaître mon crâne bien lisse et nous nous sommes
installés derrière les bureaux pour travailler.
L’avantage
d’un homme, c’est que cette coupe de cheveux est très tendance en ce moment.
Elle a du le prendre comme tel, du moins c’est l’impression qui en est ressortie.
Finalement, mes doutes sont peut être ridicules, le monde est plein de gens qui
savent rester discrets. Les prochains contacts ne seront pas forcement aussi
simples mais pour moi, c’est ce premier pas qui n’était pas simple. Je ne
changerai rien à ma façon de faire avec mes clients, c’est eux qui prendront ou
pas.