Travail et cancer


30 août 2012

Gagner sur le cancer, c’est vivre avec, en l’occurrence pour moi c’est continuer ma vie professionnelle et continuer à avoir des contacts clients comme avant. Après avoir subi la première partie de ma chimio pendant mes congés, il faut bien reprendre mon activité. J’ai un peu d’appréhension sur la réaction de mes interlocuteurs. Il est clair que la vision d’une personne dépourvue de son système pileux engendre une forme de compassion et d’inquiétude mêlée.
La compassion je ne peux rien y faire, je n’en veux pas mais en même temps je ne peux pas empêcher les personnes qui ont ce type de sentiments de l’exprimer comme ils le veulent. L’inquiétude, c’est beaucoup plus dangereux dans le cadre du travail, car ça peut engendrer une retenue sur des décisions, voir un refus de collaborer avec quelqu’un avec qui il est difficile de mener un projet à long terme.
Je me suis donc lancé avec mes doutes dans ma première journée de contact client en prenant enfin le risque de sortir de mon bureau. Rendez-vous avec deux collaborateurs et une nouvelle cliente pour définir le cahier des charges de son projet. J’ai déjà eu un contact visuel avec cette cliente avant ma chimio, elle n’est au courant de rien et de mon coté, je n’ai pas prévu de lui parler de quoi que ce soit en dehors du travail.
La rencontre s’est faite tout naturellement, nous nous sommes salués, j’ai retiré ma casquette en laissant apparaître mon crâne bien lisse et nous nous sommes installés derrière les bureaux pour travailler.
L’avantage d’un homme, c’est que cette coupe de cheveux est très tendance en ce moment. Elle a du le prendre comme tel, du moins c’est l’impression qui en est ressortie. Finalement, mes doutes sont peut être ridicules, le monde est plein de gens qui savent rester discrets. Les prochains contacts ne seront pas forcement aussi simples mais pour moi, c’est ce premier pas qui n’était pas simple. Je ne changerai rien à ma façon de faire avec mes clients, c’est eux qui prendront ou pas.

Médecine privée ou médecine publique

30 août 2012

Rendez-vous avec mon médecin traitant pour discuter franchement de ma maladie et du manque d’information de la part de ses collègues spécialistes. Nous commençons par un petit topo sur l’historique en vérifiant ses courriers reçus. Je lui expose mon sentiment par rapport à ce manque d’info sur le pronostique vital, sur la jambe enflée... Il me donne selon son analyse, un peu plus d’info sur les raisons du silence des autres toubibs qui n’ont peut être pas les réponses aux questions et, qui dépendent du système privé qui ne leur permet pas de consacrer autant de temps qu’un médecin du service public, (on croit rêver…) pour eux, vous êtes une maladie, vous n’êtes pas M. X. Ce sont de très bons médecins qui forment une équipe pluridisciplinaire alors qu’à Val d’Aurelle, le service d’oncologie de l’hôpital est géré par un radiothérapeute, il n’y a pas d’urologue, ils auraient mis le dossier directement dans les mains du radiothérapeute.

Je viens d’apprendre que si je n’étais pas passé par le privé, je n’aurai sûrement pas eu de biopsie et que du coup, mes problèmes ne seraient peut être pas les mêmes.

Dans son numéro du 22 septembre 2011, l’Express publie un palmarès inédit des meilleurs centres de traitement anti-cancer en France, Val d’Aurelle y est très bien cotée sur la région Languedoc Roussillon, La clinique St Roch où je suis soigné n’est même pas nommée.

Ironie de cette anecdote, j’avais lu cet article dans la salle d’attente de l’urologue au début de mes problèmes.

Je lui expose mon ressenti sur la chimio et sur encore cet éternel manque d’info. Là, j’ai un peu plus d’explications sur les délais de réaction aux produits et sur la réactivité des ganglions qui ne peuvent diminuer avant d’avoir pris un minimum de dose, soit pas avant la deuxième injection, donc pas sous 10 à 15 jours comme me disait l’oncologue. Il finit par me parler de la chimiothérapie en ville que je subis sans info pour des problèmes de rentabilité (gros mot pour des soins …) et de celle de Val d’Aurelle qui est beaucoup plus « maîtrisée » et accompagnée parce que les fonctionnaires peuvent vous consacrer plus de temps…

Pour ce qui est de la prise en charge de la famille sur le plan psychologique ou de conseil pour la gestion du travail ou plus, il faut faire avec, ou plutôt sans pour être clair.

Je lui explique mon problème de veines qui explosent et de l’importance d’envisager la pose d’un Port-a-cath, il est d’accord, mais c’est à moi de faire la démarche pour prendre rendez-vous. Si je ne fais rien, la prochaine fois ils m’explosent les veines de nouveau…

Quand j’en viens au pronostique vital, il n’en sait pas plus que moi, il faudrait qu’il aille consulter sur Internet les dernières statistiques pour me répondre. Quoiqu’il en soit, tant que ça reste au niveau des ganglions, il n’y a pas de risques avérés. Si ça passe au niveau osseux, c’est comme pour Mitterrand entre la déclaration de sa maladie et son décès, 15 à 20 ans.

Avec ça il faudrait peut être que je sois rassuré. Je lui demande de m’organiser un rendez-vous sur Val d’Aurelle pour me donner la liberté de choisir ensuite.

Je l’informe sur la mise en ligne de mon blog voyageavecmoncancer.blogspot.fr, il pourra apprécier mon récit et peut être comprendre ma mauvaise humeur.

Le suspense médical qui accroît l’envie de savoir


29 août 2012

Je confirme que l’arrêt de prise des corticoïdes laisse rapidement la place aux douleurs. J’ai retrouvé cette nuit des douleurs oppressantes sur les terminaisons nerveuses et au thorax.
Pour le moment les collants ne font pas trop d’effet sur la jambe enflée, le soir au couché et pendant la nuit je ressens des douleurs à la cheville, aussi bien interne qu’externe.
J’ai pris rendez-vous avec mon médecin traitant pour discuter et faire un point, je veux en savoir plus sur ma maladie, les sourires qui accompagnent les silences après mes questions de l’ensemble des médecins que je fréquente sont insupportables.
Une maladie grave bouleverse forcement votre quotidien, on a beau être optimiste, le manque d’info crée un genre de suspense médical qui accroît l’envie de savoir. Le premier reflex aujourd’hui est d’aller voir sur Internet qui dans ce domaine est la galerie des horreurs. On veut avoir un certain contrôle, ne pas se laisser dépasser par les médecins qui veulent bien vous rassurer sans donner toutes les infos.
J’attends donc beaucoup de cet entretien avec mon généraliste qui me suit depuis plus de 20 ans.

Les travaux sont terminés


26 août 2012

Les travaux avancent à grand pas, nous dormons dans le salon en attendant de réintégrer cette chambre toute neuve. Quand je dis nous dormons, je parle pour les autres. En tant normal, je dors très peu, une nuit de 3 à 4 heures me suffit, mais là, si j’ai dormi 2 heures c’est vraiment le maximum. Je suis remonté comme une pendule toute neuve à longueur de journée et mon corps ne se relâche pas le soir et la nuit.
Ma jambe est toujours aussi enflée et le ganglion inguinal gauche a considérablement grossi également.

27 août 2012

Les travaux sont terminés, je vais pouvoir essayé de me reposer dans une chambre grand confort et saine. La tension nerveuse, elle n’a pas bougé. Je suis en pleine forme physique et morale. J’ai commencé à diminuer la dose de Soluprède pour éviter une accoutumance aux corticoïdes.

28 août 2012

J’ai dormi comme un bébé une nuit de presque 8 heures, ça faisait très longtemps que cela ne m’était arrivé. Depuis deux jours j’enfile mes collant pour faciliter le drainage lymphatique de la jambe gauche, pour le moment il n’y a pas de grand changement. Je ressens de nouveau de légères douleurs au ganglion inguinal, la diminution de corticoïde y est peut être pour quelque chose. C’est facile de prendre des antidouleurs, mais c’est peut être un peu trop simple, si la douleur est inhibée, il est très difficile de gérer les aggravations et d’être réactif pour pallier aux problèmes qui pourraient survenir.
Mon médecin traitant est de retour, je vais prendre un rendez-vous pour lui exposer mes interrogations sur les divers points soulevés ces derniers temps et pour lesquels je n’ai pas eu de réponse (installer Le Port-a-cath, délai pour récupérer ma jambe, risque vital ou non, douleurs au ganglion…)

Je me lance dans la réfection de notre chambre


24 août 2012

J’ai commandé des bas de contention à la pharmacie pour faciliter le drainage lymphatique. J’ai mis plusieurs heures à m’endormir hier soir, trop nerveux sans doute, on se demande à quoi ça tient, tout va bien.
La jambe est douloureuse, le coté gauche au niveau des ganglions est enflé, sans douleur mais bien enflé, la jambe droite commence également à enfler.
A 7h00 je me lève, il y a déjà plusieurs heures que je ne dors plus. Mon temps de repos a été environ de trois heures.

25 août 2012

Je ne ressens aucune douleur grâce au Soluprède, par contre y a-t-il une relation, je suis complètement speed, hyperactif, une vraie pile électrique, faut que je bouge, que je fasse quelque chose de physique…
Je me lance dans la réfection de notre chambre. Cela faisait plusieurs années que ça me trottait dans la tête, ce coup ci faut le faire, avec l’énergie actuellement présente, je devrais avoir le courage  d’aller au bout.
Sol, murs, électricité, plafonds, isolation… à me voir comme ça, tout le monde me suit, on met les murs à nu, enduit, ponçage, peinture, sol stratifié, dans trois jours c’est fini.
Autant je n’ai pas l’esprit à me mettre au travail derrière mon bureau, autant l’organisation et la participation à un chantier me convient très bien.
Ce soir nous sommes invités chez les voisins pour l’apéro et le repas avec les nouveaux voisins d’en face. Par reflex, j’ai mis une casquette, depuis mon rasage de crâne, j’ai vite froid à la tête. Les voisins qui sont très polis approuvent mon choix de coiffure qui est très en vogue actuellement. Le nouveau voisin a la même coupe que moi. Son épouse raconte une anecdote à ce sujet « Quand mon époux a décidé de se raser, nous partions en vacance, sur le bateau les passagers en le voyant me regardaient avec compassion avec nos 4 enfants ils me voyait déjà veuve… »
Je précise que ma coupe de cheveux n’est pas un choix lié à une mode quelconque et là, la version des choses change un peu.

Les veines sont déjà presque inutilisables


22 août 2012

Ce matin prise de sang pour vérifier le taux d’immunité de la bête avant la visite demain avec le médecin remplaçant l’oncologue pour la deuxième injection de Taxotere si tout va bien.
J’espère qu’il y aura comme un minimum d’accoutumance de l’impact de la chimie sur le corps. Le souvenir des 3 à 4 jours de douleurs ne m’enchante pas vraiment.
Depuis quelques jours je n’ai plus de douleur au ganglion inguinal gauche.

23 août 2012

Rendez-vous avec l’associé remplaçant l’oncologue pendant ses congés pour vérifier si les résultats sanguins sont bons et discuter brièvement du ressenti de la première injection.
Je signale les douleurs qui ont suivi sur les 4 jours après la première injection et expose mon inquiétude à propos de ma jambe gauche qui est encore considérablement enflée.
Ma douleur est prise en compte et une ordonnance pour une prise  de Soluprède (corticoïde) pendant les premiers jours me permettra de passer cette étape sans douleur.
Le fait que la jambe soit enflée et de plus me génère des douleurs reste sur le coin de la table. A chaque fois que je parle à un toubib de ce problème, c’est comme s’il n’entendait pas ma demande d’aide, ça va faire 2 mois que j’ai cette jambe enflée et rien ne se passe en dehors de mes séances de kiné qui ont été mise en place à ma demande.
5 minutes plus tard, je ne suis déjà plus avec le toubib, si c’est pour lire les résultats d’examens du labo, une infirmière sait également le faire. Je veux bien prendre en compte le fait que ces médecins sont débordés, particulièrement en période estivale où les soignants sont moins nombreux alors que les malades continuent d’être de plus en plus nombreux, mais là, c’est un peu abuser…
On m’installe dans une chambre pour mettre en place le cathéter pour l’injection de la chimio. L’infirmier pique le bras gauche avec un peu de difficulté « merde, je croyais l’avoir raté… »
Hé oui, mon gars, tu l’a bien raté, le bras enfle à vue d’œil et me fait très mal. On change de bras, on pique le droit, toujours avec une douleur et là, visiblement ça enfle aussi mais on va faire avec. Les veines sont déjà presque inutilisables. Nous allons réfléchir pour installer Le Port-a-cath (PAC) ou "chambre à cathéter implantable" qui est un système installé sous la peau et qui permettra de faire des injections sans cathéter.
Le premier produit est passé sous la peau du bras gauche, le deuxième dans les veines du bras droit et pour le Taxoter, il faut changer la connexion au niveau du cathéter, mais problème il n’y a pas de robinet sur ce cathéter. La clinique est en plein déménagement et les cathéters à robinet doivent déjà être dans les cartons. L’infirmière change la connexion en retirant le premier tuyau et rapidement pour éviter que ça coule en mettant l’autre à la place. C’est un peu comme si votre plombier retirait un tuyau d’eau sans couper l’arrivée pour en mettre un autre à la même place.
Voilà, Monsieur, dans une heure vous êtes libre. Trois heures plus tard, je sorts de la clinique avec des douleurs dans les bras, ma jambe enflée et une grosse colère, mais peut-être suis-je trop exigeant. Cette impression d’être un pion dans leur jeu est très désagréable.
Je rentre au plus vite chez moi, peut-être vais-je pouvoir travailler une heure ou deux.

L'histoire de la tête de Turc


18 août 2012

De plus en plus de cheveux et poils dans le bac à douche. Même si je ne suis pas traumatisé par cette perte de pilosité, ça fait quand même quelque chose, c’est une étape de plus qui va vers une part d’inconnu.
J’en ai discuté hier à table avec mon fils avec qui j’ai des échanges très directs. Je n’ai pas l’intention de lui cacher quoique ce soit. Mon épouse ne l’entend pas de la même façon et du coup, ce désaccord sur ma manière de communiquer créé des tensions.
De mon point de vue, ce n’est pas parce qu’on est lucide sur les différents scénarios à venir et qu’on en parle librement que l’on va vers le pire; en tout cas ce n’est pas en faisant l’autruche ou en racontant des fables que tout ira bien. Je n’oblige personne à m’accompagner mais je tiens à être honnête sur ma perception des choses. Je ne vais quand même pas culpabiliser d’être malade.

20 août 2012
 
L’infirmière m’avait dit 21 jours pour la perte de cheveux, nous en sommes à 20, elle n’avait pas tord il ne reste plus grand-chose sur le crâne. Pour le moment pas de trou ou très léger, juste une grosse perte de volume. La moustache et la mouche on l’air de résister un peu plus.
J’attends le retour de mon épouse en fin de journée et je me rase la tête. Je vais donc prendre provisoirement l’aspect « Turc » avant d’adopter celui du « Bonze ».
A partir de là, c’est le regard des autres qui va changer. Les autres c’est le voisinage le plus proche et les inconnus. Le voisinage le plus proche va sûrement demander des explications, compatir, déplorer, s’apitoyer…
C’est un peu navrant, mais faut y passer. Les inconnus ne vont pour la plupart rien voir et ceux qui se rendront compte qu’en plus des cheveux il n’y a plus de pilosité en général, auront peut être un sentiment de pitié pour quelqu’un qui va peut être mourir. Parce que vu de l’extérieur, c’est comme cela que c’est perçu.
 
21 août 2012

Hier en fin de journée, avec l’aide de mon épouse, je me suis rasé. Je garde la moustache et la mouche pour le moment même si la moustache a perdu de son panache.
Poser un rasoir mécanique sur son crâne quand vous ne l’aviez jamais posé ailleurs que sur votre visage n’est pas simple. Tout c’est très bien passé et finalement ma tête de turc me va pas mal.
J’ai un peu froid à la tête mais plus mal aux cheveux.

Gérer la maladie et mon entreprise de front


16 août 2012

Je ressens encore régulièrement des douleurs au niveau des ganglions inguinaux. J’ai eu ma première séance de drainage lymphatique chez le kiné, nous allons en faire 3 par semaine, sûrement à domicile.

17 août 2012

J’ai eu mal à la tête toute la nuit, je devrais dire mal aux cheveux pour être plus précis. Cette fameuse douleur d’aiguilles dans le cuir chevelu. Ce matin les cheveux et les poils de moustaches commencent à tomber, un peu sous la douche, beaucoup dans la serviette en m’essuyant et par touffe si je les tire un peu. Pour les cils et sourcils, pas de problème.
Pour ce qui est du moral, pas de problème particulier par rapport à cette perte de cheveux, ça prouve que le traitement agit et que les cellules malades vont également s’en prendre une bonne dose.
Là où le bas blesse, c’est au niveau des conséquences que je ne maîtrise pas sur le devenir de mon entreprise. Etre diminué par les effets d’un cancer et de son traitement médical lorsque l’on est travailleur indépendant ressemble à un véritable parcours du combattant. En plus du stress de la maladie, il faut également maintenir son entreprise à flot, et même si mes collaborateurs me garantissent leur appui. Comment maintenir mon chiffre d’affaire sans m’épuiser ? Quelle réaction avoir face à mes clients ? Comment gérer les dossiers qui vont assurer la pérennité de l’entreprise et les revenus de mes collaborateurs sur l’année suivante ?
Le plus clair de mon travail pourrait être défini comme une opération de charme. C’est moi qui rédige les dossiers de propositions les moins techniques et les plus « marketing » possible et c’est moi qui vais défendre ces dossiers devant des groupes de personnes qui doivent avant tout croire en moi pour valider mes propositions.
Ces mêmes personnes qui m’ont sollicité par recommandation d’autres clients en s’appuyant sur ma réactivité et ma disponibilité…

Je n’ai pas de réponse


15 août 2012

En temps normal, je dors très peu, mais là, j’atteints des records. Dès que je suis en position couché, j’ai mal à la tête ; de plus et ça, je n’y peux rien, j’ai les pensées qui se bousculent.
Il faut que je consulte pour avoir un soutien psychologique, ainsi que pour ma famille. C’est impossible de faire correctement ce parcours sans le soutien de personnes extérieures au problème. J’ai besoin de connaître les différentes possibilités envisagées.
Ce que j’ai est incurable, les toubibs ne savent pas aujourd’hui guérir ce type de cancer, ils n’en connaissent d’ailleurs pas les origines. Quand ils mettent un protocole en place, c’est au mieux pour limiter la propagation sans connaître le temps et la réaction que cela aura. Les décisions se prennent sur la constatation des résultats médians des traitements appliqués sur de précédents malades.
A 54 ans je suis dans la plus mauvaise position par rapport aux risques de propagation. Il n’y a pas besoin d’être toubib pour connaître tout ça. Par contre quand très directement je demande des précisons ou du moins une estimation sur le plan vital, on entend les mouches voler. 2 ans, 5 ans, plus, je crois me poser ces questions naturellement et je n’ai pas de réponse.

Je suis obligé de faire un point qui est sûrement très partial


11 août 2012 23h50

J’ai mal au pied et à la jambe gauche, comme une déchirure. La jambe est tellement enflée que la peau doit atteindre la limite de l’élasticité. D’après les prévisions de l’oncologue, la jambe devait reprendre son état « normal » au bout de dix jours. Hé bien raté le pronostique ou la promesse de merde…
Ça fait 6 mois que je dis à TOUS mes toubibs que j’ai mal aux ganglions inguinaux gauche, et je n’ai eu aucune réaction de leurs parts.
Je suis obligé de faire un point qui est sûrement très partial ou simplement une constatation d’analyse des évolutions de mes problèmes suite aux préconisations de mes toubibs.
25 janvier 2012 , Test de PSA : 94.62 ng/ml, bientôt 8 mois. 10 février 2012 , consultation Cabinet d’urologie, 6 mars 2012, biopsie de la prostate clinique du Millénaire sous anesthésie générale avec bien entendu comme toute bonne pratique médicale en ce moment, une signature de décharge de responsabilité pour l’intervention, Score de Gleason = 9.
Là, pour moi c’est le début des problèmes, avant la biopsie, j’avais bien entendu un record pour mon âge au niveau du PSA mais aucun autre problème.
Je pissais sans problème particulier, je n’avais pas de douleur, pas de fatigue, pas de perte ou de prise de poids inconsidérés, bref en dehors du fait que j’ai volontairement fait une prise de sang de contrôle préconisée pour mon âge, rien…
Si cet urologue au lieu de me faire une biopsie dont j’ai endossé la responsabilité avait simplement commencé par un scanner et une scintigraphie, comme il a fait après la biopsie, il aurait eu le même constat, sans me créer ces problèmes.
Je ne suis pas toubib, je suis celui qui subit et qui vit de l’intérieur les problèmes qui en découlent.
J’ai perdu en autonomie urinaire, ma vie privée est pourrie par cette incertitude, ma vie professionnelle en tant que gérant d’entreprise et quasiment d’unique revenu du foyer ne tient qu’à un fil qui correspond à mon moral et à ma disponibilité en fonction des réactions au traitement de chimiothérapie.
J’ai beau chercher, je ne trouve pas grand chose de positif dans ce que je vis en ce moment. Je suis plutôt du genre battant et je suis très bien entouré par mes proches et mes collaborateurs.
En dehors du corps médical qui est actuellement en vacance, je pourrais dire que tout va bien si ce dernier ne m’avait pourri ma vie sur ces derniers mois et sur un avenir incertain.
J’ai laissé un message sur le répondeur des kinés, pour le moment nous sommes en week-end et au mois d’août, tout va au rythme des congés.
Je vais peut être me déplacer aux urgences si je ne trouve pas d’autres solutions.

J’ai mal aux cheveux


6, 7, 8,9 10 août 2012

Les douleurs sont beaucoup moins présentes dans la journée ou du moins plus atténuées. J’ai mal aux cheveux comme décrit ci-dessus quand je roule la fenêtre ouverte en voiture. Le simple coup de vent me provoque des douleurs.
Ma cuisse enfle moins jusqu’au genou. Par contre le mollet et le pied, c’est pire qu’avant. Je dois contacter le kiné pour des massages de drainage lymphatique.
Je n’ai plus de gène urinaire au sens médical du terme, pour moi cela signifie que je n’ai plus besoin de forcer pour uriner et je n’ai plus besoin de prendre de médicament pour m’aider. Je fais comme tout le monde ou presque 20 fois par jours et 10 par nuit.
Nous arrivons au 10 ème jour, c’est le délai théorique pour le début de la chute des globules blancs, pour le moment je ne ressens rien.
La nuit dernière j’ai très mal dormi à cause d’une douleur aiguë sur la nuque qui provenait peut-être d’une dent de sagesse mal soignée. Mon dentiste est en congé, comme les autres, nous sommes au mois d’août. Je n’en veux à personne, bien entendu tout le monde à droit aux vacances. Le problème c’est que tout le monde les prend en même temps.

Hulk, le gars vert...


2, 3, 4 et 5 août 2012

Je ne sais pas si vous avez vu le film Hulk, le gars vert qui se transforme en géant destructeur à travers de grosses convulsions et douleurs. Depuis le 2 août au matin j’ai ressenti des douleurs intenses sur les terminaisons nerveuses d’une façon aléatoire, 30 secondes sur la nuque, 20 sur le thorax, 3 mn vers mes ganglions inguinaux…
Je ne suis pas devenu vert, mais pour les douleurs le Dolipranne à forte dose ne change rien.
Les douleurs sont permanentes depuis 4 jours.
J’ai régulièrement mal à la tête, mais pas un mal de tête de lendemain de fête, un mal aux cheveux comme si chaque cheveu était une aiguille qui se déplace sur le cuir chevelu.
Ma jambe gauche est toujours aussi enflée, je ne peux quasiment plus m’asseoir derrière mon bureau. La position assise est la plus pénalisante pour ma jambe qui enfle en quelques minutes dans ce cas.
Je suis obligé de m’allonger régulièrement.

Carnet de voyage avec mon cancer en chimiothérapie.


1 août 2012

Rendez-vous le matin vers 9h30 pour la première injection.
Le corps médical ne m’a donné que très peu d’information à ce sujet.
Je sais que je vais avoir des périodes de baisse d’immunité à cause de la chute des globules blancs environ 10 jours après l’injection, je sais que je vais perdre mes cheveux environ 21 jours après l’injection malgré l’affirmation du contraire par l’urologue…
Pas plus.
Pour le reste j’ai fait comme tous les malades dans mon cas, j’ai connu des personnes atteintes de cancer et traitées par chimio mais la plupart de ces personnes ne communiquait pas sur ce sujet , un grand nombre d’entre eux ne sont plus là pour en parler. Je me suis donc documenté sur Internet en lisant un peu tout et rien. Je ne crois pas que ce soit une bonne solution parce qu’avec les n’importes quoi, vous vous voyez déjà sous terre et moi j’ai la pêche, ce n’est pas un cancer qui va me faire chier.
Par contre la pêche ne supprime pas l’angoisse de l’inconnu.
J’attendais donc de la part des infirmières et soignantes qui me prennent en charge un peu plus de précisions, hé ben non, pas plus…
Faut dire que le rapport infirmière et patient à ce niveau est un tout petit peu disproportionné. En tant que malade du cancer, on ne se sent pas seul.
Je vais donc consigner au fur et à mesure de mon ressenti, les impression, douleurs, soulagements que je vis tous les jours à partir du 1 août.


Injection terminée 12h00, je suis en pleine forme, pas d’effet secondaire, pas de vertige, je peux même reprendre le volant moi-même pour rentrer.
Première nuit, sans problème particulier si ce n’est un taux de stress qui n’aide pas à s’endormir.