Bientôt, je vais pouvoir regarder la télé tranquillement.



19 février 2013
 
Encore une nuit où je n’ai pas beaucoup dormi. Il y a 6 semaines je me suis trop vite fait une joie du record le plus bas de l’histoire de mon cancer, il faut croire qu’il est encore le plus fort. Face à cette merde, l’homme n’est rien, le courage c’est bon pour la façade, un peu pour la lutte mais principalement pour la façon de paraître.

Quel courage ! T’as vu malgré sa maladie comment il continu à rire et à travailler comme si rien n’était ou presque

Que des conneries tout ça, j’ai peur comme n’importe qui aurait peur dans ce cas, je suis terrorisé par l’inconnu du lendemain. C’est quoi ce qui m’attend dans 1 mois lors de la prochaine visite avec l’oncologue ? Il faut bien se rendre à l’évidence, la progression est lente mais bien là. Les moyens pour l’éradiquer ne sont pas sans risques et amèneront surement leur lot de séquelles. C’est également sans compter sur les métastases qui sont également bien présentes.

En terme clair, la guérison devra peut-être passé par l’abandon de beaucoup de choses auxquelles je tiens. J’ai déjà perdu énormément en équilibre de vie avec le traitement hormonal. Je vais peut-être perdre mon boulot, du moins ma petite entreprise que je n’arrive plus à gérer, compte tenu des dommages collatéraux de l’année passée. Mes collaborateurs sont tous bien occupés, au point de ne pas répondre à mes demandes d’études de dossier, moi j’ai plus rien, je suis seul avec mes charges et je n’ai plus rien. Je songe à vendre avant de tout perdre. 

Bientôt, je vais pouvoir regarder la télé tranquillement installé dans ma couche de vieux plein de fuites. C’est cool comme perspective, peut-être un peu excessif, mais potentiellement, pas impossible.

Tout ça ne me donne pas envie de danser la gigue. Que ce soit pour le boulot ou à propos de mon cancer, j’ai l’impression de prendre le rôle de Don Quichotte face aux moulins à vent.

Dernier PSA 61 !!!

C'est le jeu du yoyo avec tout mon être dans le rôle de la boule qui remonte en tremblant le long du fil.
Il y a des jeux auxquels on ne veut pas participer.
Un peu désappointé par cette nouvelle, je ne trouve pas les mots. Demain sera, avec un peu de recul, un meilleur jour pour vous donner mon analyse...

Prépare-toi à mourir petit homme



11 février 2013

Je viens d’être confronté de face à la mort brutale d’une personne qui n’était pas un proche, un simple voisin, Je ne vais pas vous dire qu’avec le cancer qui m’accompagne je n’y ai jamais pensé. Ma réflexion sur le sujet était déjà bien entamée avant cet évènement avec une certaine forme de résignation à gérer le plus tard possible, mais néanmoins réelle. Comme tout malade, je crains plus les atteintes physiques et la douleur extrêmes que la disparition.

Nous sommes tous mortels et quand le moment est venu suite à une maladie ou tout simplement après de très longues années, la plus forte résistance ne peut rien.

Cette réflexion n’entame en rien mon envie d’avancer et de profiter pleinement de la vie, bien au contraire, les priorités ne sont plus les même depuis l’annonce de mon cancer, et tous les jours j’essaye d’aller à l’essentiel et de ne pas faire cas du futile, que ce soit dans ma relation avec autrui ou dans mon cheminement au travail. Je peux vous garantir que ce travail n’est pas des plus simples et que nous avons tous de sacrés défauts à corriger dans nos comportements.

La confrontation avec cet événement change la perception de la vie bien au-delà de ce qui tourne autour de mon nombril. Ma maladie est très préoccupante et le plus grand sérieux est de mise autour de sa gestion, mais il n’est pas impossible de vivre longtemps avec.

La soudaineté de cette mort remet en cause tout le sens de la vie. Cet homme avait tout le temps travaillé pour arriver à un but qu’il misait toujours plus haut, jamais de vacances, pas de tolérance avec les échecs, il venait de prendre conscience que son chemin n’était pas forcement des plus humain pour ses proches, son objectif était de se remettre avec sa compagne et de partir en voyage tous ensemble avec sa fille. Et en un claquement de doigt, tout s’arrête.

Nous parlons de tuer le temps, comme si hélas ! Ce n'était pas lui qui nous tuait ! (Alphonse Allais)

Mon voisin est mort !



9 février 2013
 
Mon voisin Jeannot vient de mourir sous mes yeux, il avait 44 ans, une gamine de 5 ans et un train de vie plus que respectable, pour son plus grand bonheur.

Il était allé dans la maison à côté de son chantier pour demander du sucre et un fruit pour se donner un coup de fouet, il venait de se sentir mal. Après s’être un peu restauré, il allait déjà mieux et recommençait à déconner. En regardant son chantier, il a eu une réflexion qui sur le coup n’a intrigué personne, « tu vois cette maison, je crois que je ne rentrerai jamais mes meubles dedans », puis il a pris son portable, a téléphoné aux pompiers et s’est écroulé. Un autre voisin qui venait d’arriver est intervenu très vite avec des massages cardiaques. C’est à ce moment que je suis arrivé et j’ai fait de mon mieux pour aider.

Tout doucement le rose de la peau a fondu, son teint est devenu gris, il est parti. Les pompiers sont arrivés, le cœur était déjà arrêté, ils ont fait ce qu’ils ont pu pendant près d’une demi-heure avant de recouvrir le corps.

Ma gorge s’est serrée, une profonde tristesse m’a progressivement envahi et c’est tous, les larmes aux yeux qu’avec les voisins, au bord de ce chemin, nous nous sommes regardé sans mots.

Je n’avais pas beaucoup de sympathie pour ce gars, nous nous étions même très violemment interpellés pour des conneries. Depuis son dernier chantier, nous avions su respectivement nous calmer et nous échangions régulièrement quelques mots dans le plus grand calme.
La vie est vraiment trop courte pour se prendre la tête ou, faire cas de conneries, trop courte…

Société de malades



8 février 2013
 
Après une petite pose en images, il est temps de se reprendre et de donner un sens à ces vidéos. Toutes ces initiatives, les deux dernières pour être plus précis me laissent sans voix. Notre société est malade. Le cancer de l’humanité, c’est la misère et l’indifférence. Partout à travers le monde des êtres humains ne mangent pas à leur faim. Ce n’est pas un fléau réservé aux pays sous-développés, partout  dans le monde, c’est sur tous les continents, y compris chez vous.

Je ne suis pas en train de sombrer dans le misérabilisme du petit bourgeois qui culpabilise et s’apprête à faire un don, j’ai simplement envie de crier. Quand la douleur est trop forte, il ne reste que les cris pour tenter de se soulager. J’ai mal de voir cette indifférence, j’ai mal de voir cet isolement, j’ai mal de constater que nos politiques continuent de raisonner par rapport à des objectifs purement économiques, j’ai mal…

La douleur est insidieuse, je la connais bien, elle vient doucement et vous laisse le temps de vous habituer pour petit à petit prendre le dessus au point de vous assommer et d’anéantir vos capacités de défense. Il y a eu L’abbé Pierre dans les années 50 puis Coluche dans les années 80 qui ont crié plus fort que d’autres en donnant un sens à leurs colères par des actions concrètes. Tout le monde a applaudi des deux mains cet élan de générosité comme si c’était un exploit alors qu’il aurait fallu se rebeller pour que ce soit les gouvernements qui prennent en charge ces actions d’urgence.

Aujourd’hui les associations ne vont plus pouvoir subvenir à la masse grandissante de cette misère et de plus en plus d’initiatives individuelle comme « les incroyables comestibles » ou comme Sylvie et Patrice qui distribuent des repas sur Montpellier vont voir le jour. Leurs actions sont des plus importantes mais ne suffiront jamais. C’est à la base qu’il faut trouver une solution. La base c’est vous, c’est moi, tous ceux qui peuvent agir auprès des politiques pour les inciter à rendre le monde plus humain. La croissance, c’est partager le travail pour donner des moyens à tous. Le partage du travail et la répartition des richesses vont surement rendre moins riches ceux qui le sont déjà et ceux qui croient l’être, ce n’est pas grave, vous pourrez vous regarder dans la glace. 

Incitez vos maires à faire planter des légumes dans les jardins public, harcelez votre député de courrier pour lui demander de travailler sur des propositions de lois qui vont dans le sens du social et du collectif et non du capital, descendez dans la rue pour exprimer votre colère dès que vous en avez l’occasion, bougez…

Exemple de solidarité à Montpellier

Les incroyables comestibles

7 février 2013

Mangez 5 fruits et légumes par jour qu'ils disaient dans le poste en même temps que la plupart des citoyens n'avaient plus assez d'argent pour se nourrir correctement. Depuis la précarité a gagné du terrain, les restaurants du cœur n'ont jamais eu autant de convives et l’Europe ne veut plus fournir les banques alimentaires. Alors toutes les bonnes initiatives sont importantes pour permettre à chacun de manger sainement. Les incroyables comestibles sont magnifiquement bien expliqués sur un plateau télé en moins de 4 minutes par Élisabeth Auplat, journaliste, qui a rejoint le mouvement citoyen à Nouméa.

Interlude

7 février 2013

Un peu en panne d'inspiration, je vais profiter de ce temps de répit pour vous parler d'autre chose. Il n'y a pas que mon cancer dans la vie et d'ailleurs j'en arrive presque à l'oublier quelque fois.

Donc voilà, premier message décalé avec une vidéo pour vous prouver que la musique adoucit les mœurs.