Mon deuxième cancer, mon banquier !

29 nov 2013

Suite d’un précédent article « Ma prostate & mon banquier »
Toute personne qui se trouve dans mon état n’aspire qu’à une chose, la tranquillité. L’envie de se reposer calmement, de garder ses forces pour profiter de la vie et d’avoir un minimum de sérénité pour favoriser des nuits paisibles.

Du temps où je n’étais pas malade, comme chacun, j’ai eu mes moments de stress qui prenaient le dessus sur tout ce qui pouvait s’offrir à moi, les problèmes matériels ont bien entendu fait partie de ces stress.
Aujourd’hui, les choses ont changé, je n’ai plus de pouvoir sur quoi que ce soit, et les charognards sont aux abois. Mon banquier est devenu mon deuxième cancer qui me ronge petit à petit un peu plus chaque jour.
J’ai eu le tort de simplement exiger de sa part qu’il fasse émerger mes droits au plus vite, c’était un peu présomptueux de ma part.


Le banquier a tout pouvoir et ne peut jamais être mis en cause. Pour faire valoir mes droits d’assurance et de prise en charge de mes prêts, j’ai commencé par faire confiance au directeur de mon agence BNP qui m’a menti du début jusqu’à la fin. J’ai ensuite utilisé la procédure du médiateur de la banque qui m’a répondu par une fin de non-recevoir prétextant que ma banque faisait tout pour répondre favorablement à ma demande. Maintenant, je n’ai plus d’interlocuteur parce que ce foutu banquier, vexé par ma démarche et mon manque de confiance a demandé à ses supérieurs de ne plus gérer mon dossier.
La réponse « favorable » de la banque à ma demande légitime, je viens de la recevoir par la poste : « Je vous informe de la dénonciation de vos autorisations actuelles, prononcée aujourd’hui même. L’annulation de celles-ci prendra effet sous 30 jours, à moins que très rapidement vous ne preniez vos dispositions… »

Pendant ce temps les agios pleuvent et le découvert se creuse par leurs prélèvements abusifs qui contractuellement devaient être pris en charge par l’assurance qui n’a pas été prévenu à temps par ce foutu banquier, légalement je suis fautif de la mauvaise gestion de mon compte.
La réforme du 26 juillet 2013 applicable début 2014 devrait me permettre de calmer un peu l’hémorragie en attendant le remboursement de ce qui m’est dû. Les commissions d’intervention, prélevées par les banques en cas de dysfonctionnement du compte, peuvent atteindre, si elles s’accumulent, plusieurs centaines d’euros par mois. La loi prévoit un plafond par opération et un plafond total mensuel.

En espérant.. je dois ronger mon frein et me retenir de lui coller mon poing dans la figure à ce petit bonhomme. Alors, le repos n’est pas pour tout de suite et les nuits resteront courtes encore un bon moment. Je ne sais pas si mes toubibs peuvent mesurer l’impact de ce stress sur l’efficacité des traitements, ça n’a pas l’air d’être programmé dans leur raisonnement mais, force est de constater que l’effet des traitements est en dessous de ce que l’on pouvait espérer.

Ministre et malade du cancer, Dominique Bertinotti, une malade comme les autres ?

26 nov 2013

Dominique Bertinotti victime d’un cancer du sein, avec traitement de chimiothérapie, puis chirurgie, puis radiothérapie a continué son travail sous les yeux de La ministre des affaires sociales et de la santé, Marisol Touraine, qui s'était simplement étonnée de "certains signes sur son visage".

Elle a vécu le même enfer que tous les malades et le même non-dit de nos chers médecins.


"Je n'avais rien, aucun signe. Et puis à un moment, sans transition, vous devenez un malade. Vous entrez bien portante, vous ressortez dans un autre monde. Ça vous tombe dessus et ça ne s'arrête plus, les examens, l'IRM, les sueurs froides, les résultats qui font peur. Vous prenez tout sur la tête."

La première question que la malade avait posée au médecin, c'était : "Est-ce que je vais pouvoir continuer à travailler ?" Réponse : "Une chance sur deux." Dans un deuxième temps, elle avait hasardé : "Est-ce que ça se guérit ?" Elle n'a obtenu ni un oui ni un non.

Pourquoi parle-t-elle maintenant, elle qui s'est astreinte à huit mois de secret quasi absolu ? "Pour aider à faire évoluer le regard de la société sur cette maladie dont le nom est terriblement anxiogène. Pour montrer qu'on peut avoir un cancer et continuer une vie au travail. Pour que les employeurs comprennent que la mise en congé longue maladie n'est pas forcément la meilleure des solutions. Pour qu'il y ait moins de peur, plus de compréhension. Pour qu'on réfléchisse sur les inégalités face au coût des traitements de confort, comme le vernis spécial pour les ongles ou la perruque, qui sont si importants."

Bravo Mme Bertinotti, j’ai beaucoup de respect pour votre courage, mais tout le monde n’a pas de chauffeur pour vous emmener dans les temps à votre travail, la maladie ne se résume pas à cette question. La plupart des malades ne savent plus que penser, ils vivent comme vous le silence des médecins. Cette incertitude rend très vite dépressif et inapte au travail.

Responsable de ma propre entreprise, m’arrêter signifiait tuer mon outils de travail, je l’ai fait avec beaucoup de rancœur et mon entré dans une certaine forme de précarité que j’impose à ma famille ne me laisse pas de marbre.
Malheureusement, je l’ai peut être fait trop tard et ai beaucoup de mal à faire émerger mes droits.

Faire bouger la perception de la société vis-à-vis du cancer passe aussi par obliger les banques, les assurances et les organismes sociaux à respecter leurs engagements pour ne pas ajouter au cancer un autre fléau à porter sur des épaules déjà très affaiblies.
Dans tous les centres anti-cancer que vous pourrez visiter, on vous le dira, c’est la précarité qui va prendre le dessus sur la maladie. La prise en charge des soins à 100% ne change rien aux besoins matériels que tout être humain peut espérer conserver ou avoir. Ça dépasse de loin le coût du vernis à ongles.

Je vous parle du haut de mon petit confort d’ancien gérant d’entreprise qui n’a comme problème que de conserver un minimum de confort, même si j’en arrive au point de ne pas savoir comment je vais payer le bois pour nous chauffer cet hiver, oui la descente aux enfers peut aller très vite. Mais ailleurs, en France, de plus en plus de gens atteints du cancer ont simplement faim. Faut-il en arriver là pour faire bouger les choses ?

Faites en sorte que le malade bénéficie de tous ses droits. En tant que ministre déléguée chargée de la Famille, cette tâche vous revient de droit.

Malade du cancer & seul dans sa schizophrénie


24 nov 2013

Comme un grand nombre de malade du cancer, je suis particulièrement bien soutenu par mes proches, et pourtant je suis seul, enfin presque…
Quand j’ai eu l’envie d’écrire ce blog, le choix du titre m’a paru évident. Voyage avec mon cancer, tout simplement comme je l’ai expliqué à maintes reprises, cette maladie est d’une telle intrusion psychique qu’elle peut presque être identifiée comme une personne à part entière, à la seule différence qu’elle reste impalpable et totalement incontrôlable.

Le cancer de la prostate est principalement soigné par de l’hormonothérapie, qui va considérablement bousculer l’équilibre de façon très globale et dans certains cas provoquer de réelles dépressions, donc autant dire que la moyenne des cas aboutit à un authentique développement de l’imaginaire, légèrement douteux.
Qui pourrait supporter de changer physiquement et psychiquement de façon aussi imprévisible. Le traitement de ce cancer est associé à d’autres molécules utilisées en chimio tel que le Taxotère ou encore plus récente le Zytiga ou l’Enzalutamide. Tous ces médocs ont des effets secondaires sur les neurones ainsi que sur sur les capacités de concentration, les accès de nervosité et associés avec de la cortisone des conséquences sur l’embonpoint très perceptibles.

Depuis tout petit je suis insomniaque et ne dors en moyenne que trois à quatre heures par nuit, maintenant dès que j’ai tendance à m’endormir, mon cancer me réveille pour bien marquer sa présence. Je ne parle pas des douleurs qui pour le moment sont très bien jugulées par la cohorte de médocs que j’ingurgite, je parle très concrètement du dialogue avec mon cancer qui s’installe dès que tout est calme sous notre toit.
Pour être plus clair, c’est comme si au moment de vous endormir, à l’instant de profiter d’une bonne nuit de repos, un importun frappait à votre porte avec insistance, sans interruption, comme une urgence. Alors on répond et le tête-à-tête s’installe.
Je parle plus avec mon cancer qu’avec mes médecins, quand j’écris que « je parle » le terme n’est pas exact, c’est une conversation mais un conciliabule ou chaque interlocuteur émane du même corps. Je suis lui et moi alternativement.

Si vous cherchez sur Internet il y a des théories sur la gestion de son corps en parlant avec ses cellules, il ne s’agit pas du tout de ça. Ce dont je veux vous parler, c’est de cette réelle schizophrénie qui s’installe tous les soirs dans notre chambre. Là, nous sommes au cœur du sujet où je vous disais que vivre avec un cancer en couple était l’équivalent d’une vie partagée à trois.
Dans ces échanges, personne ne domine, bien qu’il y ait des tentatives un peu trop violentes de sa part. Pour ce qui me concerne j’en suis plus au niveau de la négociation, à quoi bon précipiter les choses puisque à la fin il va gagner.
Je pense pourtant dominer un minimum ce conflit d’intérêt. Pour le moment je finis presque toujours par gagner mes trois heures minimales de sommeil et j’ai sincèrement l’impression d’en apprendre plus que ce que je peux lui laisser.

Ce serait trop simple de l’écouter et de me laisser porter, de ne pas résister, de capituler… Je n’ai pas fini ce que je dois ou ce que je suis en train de faire, même avec ma situation d'handicap pour me déplacer à loisir ou simplement plier les jambes pour ramasser quelque chose par terre, je lui montre que je peux le faire, ça me coute, mais je le fais.

Mes concessions ont déjà été suffisantes de mon point de vue. Je suis passé de l’actif au contemplatif, du dynamique au bedonnant, je passe mon temps à chercher ce qui est sous mes yeux pour le perdre à nouveau dans les minutes qui suivent. Mais je ne lâcherai pas si facilement mon analyse, mon impertinence et ma capacité de répondre.

Mister flushs

18 nov 2013

Un petit retour sur ma bonne mine…
Si on peut appeler ça, comme ça, parce que ce matin ça a pris des proportions rarement affichées. Le temps est gris et pluvieux et la moindre couleur automnale ressort. C’est peut-être ce contraste qui fait qu’en me regardant dans la glace j’ai encore eu un mouvement de recul. Le flush dont je vous parle, n’a rien à voir avec une main de cinq cartes de la même couleur au poker. Un flush est une manifestation cutanée par accès, se caractérisant par une coloration rouge intense, c’est le seul rapport avec les cartes à jouer, donc, rouge intense, et passagère du visage, du cou et de la partie supérieure du tronc plus globalement.

Au-delà de la rougeur je ressens comme un fourmillement, je ne sais pas comment l’exprimer, une chaleur, mêlée à de légers picotements, comme une grosse crise de timidité face à un événement que l’on a peur de ne pas maîtriser.

Et le fait est que là, je ne maîtrise plus rien. Il est presque évident que ces flushs sont un des effets secondaires de mes médocs et entre autre de l’Enzalutamide, qui chamboule complètement l’équilibre hormonal. Les hormones normalement sont là pour gérer un certain équilibre, le cancer de la prostate est par définition un dérèglement de cet équilibre et les médocs qui tentent de réguler tout ça vont pousser le bouchon un peu loin parfois, mais ça peut également être signe avant-coureur d’autres problèmes vasculaires.

Alors on va surtout être très vigilant sur les résultats d’analyses du sang pour éviter un poids de plus.

Si vous me croisez, ne me dites pas "comme tu as bonne mine ! ", je pourrais le prendre mal et mon déséquilibre hormonal a bien affuté ma mauvaise humeur légendaire.

Le jour où les accompagnants de malades du cancer seront considérés comme des patients.

14 nov 2013

J’ai été très touché par le témoignage de Camille, je suis à la place de son père et j’ai à mes côtés, ma fille, mon fils et mon épouse qui m’accompagnent comme ils peuvent dans ce voyage.

Le cancer, en dehors du coté biologique de la chose est une des maladies les plus intrusive qu’il soit, comme je l’ai écrits il y a bientôt deux ans, quand on a cette saloperie dans le corps, c’est comme une troisième personne qui s’installe dans le couple.

Il faut comprendre les modifications sur l’être qu’entrainent les traitements de chimio et d’hormonothérapie. Ce n’est pas qu’un relevé des compteurs avec le PSA, c’est avant tout un bouleversement de l’homme dans toute son entité. Un calme va devenir insatiable, un nerveux va devenir apathique ou encore plus irritable et la moindre contrariété, si on n’y fait pas attention, va très rapidement devenir source de conflit.

La conjointe est forcément bouleversée par ces changements de comportements. Il n’y a plus de rapports physiques si ce n’est de la tendresse, et le fait de subir les aléas de l’humeur de l’autre ne peuvent souvent, pas résister au temps. Ensuite viennent se greffer les ennuis matériels qui dans un couple déjà fragile peuvent créés des dégâts considérables.
Et malgré tout, le couple tient, et l’amour est toujours aussi solide, mais les failles et les blessures seront longues à cicatriser.

Mes enfant, 25 et 18 ans, sont pris dans un cercle infernal où même si nous faisons attention de leurs consacrer le temps qu’il leurs faut pour les accompagner sur le bout du tremplin, et que nous y mettons toute la bonne humeur qui caractérise nos échanges depuis toujours, des détails vont forcément nous ramener à la réalité. Le rythme de vie ne peut pas être le même et les moments d’intenses fatigues ne peuvent se dissimuler. Alors ils font bonnes figures, ils composent avec et en fait, ils accumulent des ressentis qui seront longs à dissiper.

Le corps médical ne prend pas en charge ces états d’âmes. Les toubibs sont là pour gérer la maladie avant le malade, de là à écouter les femmes ou filles et fils du malade…
Si vous soulevez le problème à votre toubib, il va vous diriger au plus vite vers le Psychologue de service. Sur l’institut du cancer de Montpellier, je l’ai vu passer dans les salles d’attente d’hospitalisation de jour lors des chimios, si vous pouviez voir sa tête de déprimé, ça vous calme le temps de le dire.

Alors nous sommes tous très isolés, ça a été ma première raison dans l’écriture de ce blog et l’écriture m’a énormément apaisé. Si je peux partager ces lignes dans la mesure de mes disponibilités, c’est avec plaisir aujourd’hui que je le fais.

Parler du cancer ne serait que le fait des patients !!!

13 nov 2013

Texte de Camille qui vit le cancer de son père.

J’ai longtemps hésité avant d’écrire, peur que mon père lise mon témoignage de fille de… peur qu’il ait le sentiment que je viole son intimité, sa vie…  peur de lui faire mal, de le blesser. C’est un témoignage, un message  d’amour pour mon Papa, grand et fort, pour lui dire que je reste là malgré  la distance géographique qui nous sépare.
Je suis devenue une abonnée de votre blog pour mon père. Je crois qu’il ne s’y rend pas, moi je veille je lis les bonnes et les mauvaise nouvelles, mais quand vous en publiez des « bonnes »… hop je l’appelle et je lui glisse cela comme une douceur au téléphone. Mon père a un cancer de la prostate métastasé. Une récidive. Il a une soixantaine d’années, c’était et c’est un bel homme actif, artiste, qui a monté sa boite et aujourd’hui continue tant bien que mal à travailler malgré les douleurs, les piqures, les rendez-vous chez le cancérologue et les analyses de sang tous les 15 jours… d’ailleurs, à l’heure où j’écris, il doit être dans un avion pour Dubai (7 heures de voyage en classe éco pour un client, le tout en 48heures … est ce bien raisonnable)

Quand mon père a eu son « premier cancer », nous ne parlions plus depuis plusieurs années. Alors quand le cancer est revenu, c’était une première pour moi. Entre temps, nous avions renoué des liens, j’avais retrouvé mon 
père, lui, sa fille cadette, et nos rapports étaient ceux d’adulte à adulte. Le cancérologue a dit qu’il serait tranquille pendant au moins 10 ans…. Déjà le questionnement est venu… 10 ans, c’est rien quand on pense en avoir encore 40 devant soi….
Malheureusement quelques mois plus tard le cancer s’est révélé plus sévère que prévu.

Première chimio :
Première chimio au centre, que des femmes autour de nous. J’accompagne Papa, on essaie de sourire, avec son casque bleu sur la tête et ses moufles pour protéger ses ongles… il a l’air d’un ouzbèke…. Je tremble de l’intérieur, mais je fais bonne figure… je pars lui chercher à la pharmacie de quoi lutter contre la chute des cheveux même si je doute de l’efficacité de ces pilules.

Les métastases :
Pendant la chimio, on discute : «  il faudrait faire un scanner »,  il veut savoir à quel stade se situent ses métastases. J’appelle une amie radiologue et après la séance de chimio, en route pour le scanner. J’hésite entre l’accompagner chez le médecin ou rester dans la salle d’attente. 
Pudique, j’attends en regardant les allez-venues des patients. Un quart d’heure passe, il revient, s’assoit et m’annonce que les métastases sont partout sur le thorax, diffuses. La chute est lourde. Je prétexte une envie  pressante pour prévenir ma sœur, et la préparer à tenir le coup quand mon père l’appellera quelques minutes plus tard. Nous sortons hagards du centre de radiologie. J’embarque mon père dans les magasins, impossible de manger, faisons du shopping ! Totalement délirant vu la situation…. De la légèreté dans toutes les circonstances… non… oublier pendant quelques minutes le drame qui se joue là…

Le Zytiga :
Depuis, il a effectué une chimiothérapie lourde, qui l’a délesté de nombreux kilos et d’une perte de poids considérable, il a continué à travailler, sa passion. Puis il a reçu du zytiga, et jusqu’à présent le PSA diminue régulièrement depuis plusieurs mois…. Alors heureux ? Comment l’être quand vous vous sentez démuni face à la maladie ? Je ne peux pas parler en son nom, mais en tant que proche. Comment ne pas s’énerver contre le cancérologue qui propose au dernier rendez-vous d’ouvrir une bouteille de champagne parce que le PSA est si bas ?…. Et les douleurs du corps, et celles de l’esprit qui l’empêchent de dormir et l’obligent à lire compulsivement des piles de bouquins. Comment répondre seul à ses questions qu’ignore le cancérologue. Les heures de discussion où il s’interroge s’il doit arrêter de travailler pour se consacrer à qui ? à quoi ? Quel sens donner à sa vie, au temps qu’il lui reste. Comment savoir ???
Faut-il se réjouir d’une diminution légère de ses douleurs ? Le PSA est-il réellement un bon indicateur de sa santé ?
Des questions sans fin…. Et l’impuissance des proches…
Mon impuissance de fille, qui tantôt l’écoute, tantôt le « saoûle » de paroles pour ne pas qu’il flanche… cette même fille qui lui dit que coûte que coûte, il faut tenir, et qui s’effondre quand elle rentre chez elle. 
Qui ne veut pas perdre son papa, qui pense tous les jours à la mort, qui se finit par se demander si la vie a un sens…. Alors parfois au téléphone, je parle à mon papa, pas à la personne atteinte par la maladie, je lui parle de mes craintes, de mes soucis du quotidien, je lui demande des conseils, parce que lui me comprend… parce que je lui ressemble beaucoup je crois. Il m’écoute, et puis je culpabilise de lui parler de  « mes petits problèmes »….

Je culpabilise aussi quand parfois, après une longue conversation avec lui, je suis KO, incapable de le rappeler le lendemain, le surlendemain parce que c’est trop douloureux, parce que je dois me lever, continuer d’aller au boulot, de vivre avec mon conjoint, et d’essayer d’être heureuse malgré tout. Mon père est présent avec moi chaque jour… un sms, un coup de fil…., une pensée… je m’en veux d’être impuissante, de ne pas pouvoir l’aider, je m’insurge contre le mur de silence du cancérologue, qui soigne la maladie, mais semble se désintéresser de l’état moral du patient… Je n’imagine pas ma vie sans mon père, j’ai beau avoir 37 ans, je n’ai pas fini de me révolter contre cette réalité. « Tête de turc », les lecteurs et lectrices de ce blog, mon père, moi…. Nous avons besoin d’espace de parole, nous avons besoin d’être accompagnés. Merci à l’auteur de ce blog d’avoir ouvert une porte, il semble malheureusement que la communication, la circulation de la parole et la diffusion des informations soient d’abord le fait des patients. 

Camille.

Simplement envie d’écrire (états d'âme d'un malade sous Enzalutamide)


12 nov 2013

Je viens de traverser une journée, comment dire, ordinaire… sans me prendre le choux sur quoi que ce soit et sans consacrer un minimum de temps au travail ne serait-ce que pour passer les consignes. Je crois que j’ai enfin compris que le travail ne m’amenait rien si ce n’est un complément à mes insomnies et, cette journée a été merveilleuse.
J’ai plein de problèmes dans ce foutu passage de consignes pour faire perdurer ma boite. L’héritage des faiblesses des derniers mois, consécutif aux effets secondaires des différents traitements qui ont très largement affaiblis mon jugement, mon acharnement à croire que ma fille rentrerait comme dans des pantoufles dans le poste de responsable d’entreprise qu’elle n’a pas choisi, bref… des rêves d’égoïstes qui ne prennent pas du tout en compte la perception des autres.
J’ai fait abstraction de tous ces préjugés et j’ai simplement vécu la journée au rythme de mes proches et de leur besoins sans pour autant me lancer dans ce que je ne voulais pas faire.
Depuis quelques jours je me sens beaucoup mieux. La différence au niveau confort est considérable, j’ai presque envie de courir. L’enzalutamide, mon nouveau traitement, a surement de gros pouvoirs, mais à ce point j’en doute.
En fait, je suis dans l’œil du cyclone, la mer est calme, l’embarcation peut se consolider mais la tempête n’est pas loin.
Je connais les faiblesses que m’a provoqué cette saloperie et je les sens comme sournoises, à l’affut. Les jambes, dans mon périple à travers les étages de boutiques pour accompagner ma fille qui est en train de quitter le nid, n’étaient pas toujours au rendez-vous, quelques douleurs inguinales pour me signifier que rien n’est réglé au niveau des ganglions lymphatiques, bref comme des messages sur un répondeur que l’on ne veut pas consulter.
Je viens simplement de ressentir une part de ce que ce médoc provoque chez le malade du cancer de la prostate, une amélioration de confort, notable, mais qui sera limitée dans le temps, en tous cas, une nette amélioration, alors, toutes voiles dehors, profitons-en.
Le message est clair, le boulot, c’est définitivement terminé. J’ai plein de choses à faire sur les prochains jours et je trouverai assez facilement une occupation ensuite.
Banquiers, assurances et RSI (Régime social des indépendants) vont me donner de quoi me lâcher avec les conseillers juridiques de la ligue. Pour le reste, nous improviserons avec les moyens du bord et je suis sûr que toute la famille en tirera également un grand confort.

Alimentation et cancer, entre paradoxe et incertitude

12 nov 2013

Alimentation et santé sont de plus en plus liées avec  les termes paradoxe ou incertitude. Ce qui était bon hier ne l’est plus aujourd’hui, et pour faire plus court les grands laboratoires qui diffusent les pesticides sur notre planète pour des récoltes plus abondantes, ont également de gros intérêts dans la production de médicaments.
Le progrès a fait qu’il y a des pesticides et souvent des antibiotiques dans tout ce que l’on consomme y compris l’eau du robinet. Tout a été fait pour améliorer la nutrition sur les cinquante dernières années et en même temps le nombre de cancer augmente.
J’ai participé cette année à une enquête de l’INSERM qui suspecte fortement les pesticides d’être à l’origine d’un grand nombre de cancer de la prostate. Le département de l’Hérault est un des plus touché et c’est justement le secteur où avec la viticulture, les pesticides sont diffusés très généreusement.
Les cultures intensives appauvrissent les populations, les campagnes publicitaires, mangez 5 fruits et légumes par jour inondent nos murs, un grand nombre de populations se nourrissent mal, non pas par choix ou par culture mais par manque d’argent. Ces mêmes personnes tombent malade et n’ont pas les moyens de se soigner.
Ça peut vous paraître caricatural ou même un peu trop frondeur, mais la réalité est là, la nourriture a favorisé un grand nombre de cancer.
On ne peut donc que souligner les paradoxes de notre époque où les « remarquables progrès » s’avèrent incapables de réduire l’expansion de maladies étroitement liées à ce que nous consommons à table.

La prévention du cancer, un argument politique

12 nov 2012

Là, nous ne parlons pas d’étude, mais de vécu, du point de vue d’un malade qui rencontre ces paradoxes tous les jours.

Commençons par la prévention. Si longtemps portée par les associations, elle est devenue aujourd’hui une cause nationale, un argument de communication politique, mais ce n’est pas pour autant que les hôpitaux ont plus de moyen, plus de personnel et plus de médecins. Pour les fréquenter régulièrement, je peux vous garantir que les salles d’attentes ressemblent souvent à celles des grandes gares et que la plupart du temps un médecin vous garde au maximum 10 minutes.
Je ne vais pas vous faire la liste du catalogue des différents cancers, on ne parle bien que de ce que l’on connaît, ce sera donc de la prévention du cancer de la prostate qui en France est quasiment inexistante. Pas d’encart dans les journaux, pas de flash à la télé ou à la radio. Pour le dépistage tout dépend du bon vouloir de votre toubib de famille et du si décrié test de PSA que chaque homme est censé faire aux alentours de 50 ans. Bien trop tard pour un grand nombre d’entre nous et mal interprété pour d’autres qui vont vivre une part d’enfer avec la cohorte des examens qui vont suivre alors qu’ils ont une simple infection. Personnellement la biopsie qui a suivi le résultat de mon test de PSA m’a tout déclenché et rien n’est plus comme avant. Je ne suis pas sûr que cette biopsie était l’urgence du moment.
A ce jour, la Haute Autorité de Santé rappelle qu’il n’y a pas de démonstration robuste du bénéfice d’un dépistage du cancer de la prostate en population générale par dosage de PSA, que ce soit en termes de diminution de la mortalité ou d’amélioration de la qualité de vie.
Ben ! Faites le quand même ce test et vers 40 ans me parait tout à fait raisonnable. Il y a de plus en plus de « jeunes malades » sans explications particulière.