12 nov 2013
Je viens de traverser
une journée, comment dire, ordinaire… sans me prendre le choux sur quoi que ce
soit et sans consacrer un minimum de temps au travail ne serait-ce que pour
passer les consignes. Je crois que j’ai enfin compris que le travail ne m’amenait
rien si ce n’est un complément à mes insomnies et, cette journée a été
merveilleuse.
J’ai plein de
problèmes dans ce foutu passage de consignes pour faire perdurer ma boite. L’héritage
des faiblesses des derniers mois, consécutif aux effets secondaires des
différents traitements qui ont très largement affaiblis mon jugement, mon
acharnement à croire que ma fille rentrerait comme dans des pantoufles dans le
poste de responsable d’entreprise qu’elle n’a pas choisi, bref… des rêves d’égoïstes
qui ne prennent pas du tout en compte la perception des autres.
J’ai fait abstraction
de tous ces préjugés et j’ai simplement vécu la journée au rythme de mes
proches et de leur besoins sans pour autant me lancer dans ce que je ne voulais
pas faire.
Depuis quelques jours
je me sens beaucoup mieux. La différence au niveau confort est considérable, j’ai
presque envie de courir. L’enzalutamide, mon nouveau traitement, a surement de
gros pouvoirs, mais à ce point j’en doute.
En fait, je suis dans l’œil
du cyclone, la mer est calme, l’embarcation peut se consolider mais la tempête
n’est pas loin.
Je connais les
faiblesses que m’a provoqué cette saloperie et je les sens comme sournoises, à
l’affut. Les jambes, dans mon périple à travers les étages de boutiques pour
accompagner ma fille qui est en train de quitter le nid, n’étaient pas toujours
au rendez-vous, quelques douleurs inguinales pour me signifier que rien n’est
réglé au niveau des ganglions lymphatiques, bref comme des messages sur un
répondeur que l’on ne veut pas consulter.
Je viens simplement
de ressentir une part de ce que ce médoc provoque chez le malade du cancer de
la prostate, une amélioration de confort, notable, mais qui sera limitée dans
le temps, en tous cas, une nette amélioration, alors, toutes voiles dehors, profitons-en.
Le message est clair,
le boulot, c’est définitivement terminé. J’ai plein de choses à faire sur les
prochains jours et je trouverai assez facilement une occupation ensuite.
Banquiers, assurances
et RSI (Régime social des indépendants) vont me donner de quoi me lâcher avec
les conseillers juridiques de la ligue. Pour le reste, nous improviserons avec
les moyens du bord et je suis sûr que toute la famille en tirera également un
grand confort.
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