25 mai 2013
Cohabiter quotidiennement avec son cancer vous rend un peu egocentrique. Cette saloperie vous prend tellement de temps et d’énergie que vous ne percevez plus trop ce qui se passe autour de vous
Avant, j’étais du genre hyperactif, les journées n’étaient jamais assez longues pour me donner le temps de faire tout ce que je voulais. Que ce soit pour les loisirs ou le travail, je foisonnai d’idées et d’envies au point, quelque fois, de faire les choses un peu dans le désordre, comme un naufragé qui se retrouverait subitement devant un buffet où tout serait à volonté, commencerait il par les entrées ?
Aujourd’hui, je dois répondre à un protocole autour de mon traitement. Un traitement hormonal de fond qui anile les méninges et vous rend contemplatif, un traitement qui vous oblige à respecter des horaires précis pour la prise de vos médocs. Tout est planifié, petit déj avec premier cachet au plus tard à 9 :30, à 11 :30 mon téléphone sonne tous les jours pour le plat de résistance du cancer, le Zytiga, ensuite, minimum 1 heure avant de consommer quoi que ce soit et modérément de préférence, à 15 :00 ça sonne de nouveau pour un autre cachet et enfin, avant de se coucher, deux autres prises pour être certain de pouvoir uriner le lendemain et de passer une nuit sans brulures d’estomac. Si je me déplace, je dois respecter à la lettre ce protocole. Je me promène comme les petits vieux avec ma boite à casier avec les pilules bien rangées.
Et puis il y a les petits tracas en bonus. L'obligation de porter des bas de contention tous les jours, les brûlures à la cheville droite, les douleurs inguinales, les nausées, les insomnies, les sauts d'humeur totalement incontrôlables...
Entre tous ces moments, je suis libre pour vaquer à mes occupations, en ce moment vous l’avez compris, le programme est la sauvegarde de mon entreprise s’il y a quelque chose encore à sauver.
Ça fait envie comme programme hein !
La compensation, c’est toutes les deux semaines un résultat d’analyse de sang qui semble aller vers le moins pire.
Et après, quant au niveau des analyses du sang je serai comme mes copains qui ne sont pas malades, mais que mon cancer sera toujours présent, ça va être quoi le programme ?
A chaque fois que j’ai fait un écart, je mets plusieurs jours pour récupérer. Un petit tour en vélo et je me retrouve avec un poteau à la jambe gauche, un petit verre un soir pour se décontracter et je ne dors pas de la nuit avec un des douleurs à se frapper la tête contre les murs.
Rassurez-vous, sur un plan pathologique, je vais mieux, mais est ce que je suis vraiment vivant ?
Carnet de bord d'un voyage que je n'ai pas choisi avec un cancer de la prostate. J’ai 53 ans, pas de gènes urinaires, pas de douleurs, pas d’antécédents familiaux, pas de symptômes de fatigue, pas de perte de poids. Sur les conseils de mon médecin traitant je fais un examen sanguin. Résultat, cancer de la prostate métastasé... Début du voyage avec mon cancer le 25 janvier 2012.
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