10 mars 2017
25° en fin de matinée, des fleurs sur les amandiers, les abricotiers et autres fruits du soleil, les premiers papillons qui virevoltent entre les jonquilles et les premiers iris qui pointent leur nez. Y’a Pas de doute, il se passe quelque chose.
Rien de tel pour avoir envie de bouger et de remettre en état le jardin et ses agréments. J’ai commencé par la restauration des chaises longues, c’est important les chaises longues pour vaquer à une de mes activités préférée, le farniente.
Mais voilà, si la motivation est bien là, le physique pêche un peu par sa déchéance. Au bout d’une heure de petits mouvements doux pour rafraichir la première chaise, malgré la maitrise des antalgiques, les courbatures prennent le dessus.
On dit que le cancer ronge, je crois que cette expression est particulièrement adaptée contrairement à bien d’autres sur le même sujet.
Le cancer de la prostate est particulièrement intrusif sur le plan de la perception de son corps. Dès le début du premier traitement de base, avec l’hormonothérapie, la notion de libido disparait puis s’installe rapidement une signification sociale du corps, la représentation que l’on veut faire de soi aux autres. Je ne voulais pas parler de mon cancer au début de peur de rebuter mes contacts professionnels et de perdre mon entreprise. Dans mon esprit, tout passait par l’aspect physique.
Et puis un jour la fatigue ne pouvait plus se cacher, ma nouvelle coupe de cheveux ne rentrait pas dans des critères de mode et j’ai bien été obligé de capituler sur ce plan.
Ensuite, rapidement, très rapidement viennent les effets secondaires et les douleurs qui ont un impact destructeur sur le corps. Certain médicament vont vous faire enfler comme une baudruche, d’autres vous amaigrir ou vous déformer par des postures liées aux souffrances. La couleur de la peau se modifie, les cheveux repoussent différemment et vos muscles fondent.
Je ne peux plus me bouger comme avant, je ne peux plus pratiquer de sports, je suis dépendant des autres pour déplacer un objet lourd. L’orgueil est atteint, je grimace, je me plains.
Je ne reconnais plus le mec sur la glace dans la salle de bain, et là, je ne parle que du visage parce que le reflet de l’être dans son ensemble, je ne le regarde plus.
Mon corps, celui que je ne supporte plus est devenu la représentation de mon passager clandestin, Il prend tant de place que je finis par m’effacer.
Carnet de bord d'un voyage que je n'ai pas choisi avec un cancer de la prostate. J’ai 53 ans, pas de gènes urinaires, pas de douleurs, pas d’antécédents familiaux, pas de symptômes de fatigue, pas de perte de poids. Sur les conseils de mon médecin traitant je fais un examen sanguin. Résultat, cancer de la prostate métastasé... Début du voyage avec mon cancer le 25 janvier 2012.
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😟
RépondreSupprimerCelà me fait penser à "vieillir trop vite" en quelque sorte,je crois que vous avez moins de 70 ans il me semble, en effet, le cancer est dévastateur...vous lire me permet de remettre les pendules à l'heure dans ma santé et être plus attentive, du "haut" de mes quarantes petites années à mon corps...le cancer est si fréquent que je me dis que tôt ou tard il faudra bien que je fasse mon tour de manège oncologique moi aussi...alors du coup j'écoute sagement les conseils des médecins en espérant repérer le plus tôt possible ce passager clandestin destructeur.
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