11 août 2013
Selon une étude effectuée auprès de malades, entre 50 et 97% des patients désirent savoir
la vérité sur la gravité de leur état de santé. Les médecins dans leur grande
majorité se taisent, par peur de se tromper ou pour protéger le patient, le
résultat est que sans réponse, le malade devient encore plus vulnérable.
Depuis le début du
diagnostic du cancer de la prostate métastatique qui m’accompagne, je sais que
le stade de la maladie est au point de l’incurable, je sais que les traitements
palliatifs sont infligés pour limiter la progression et gagner du temps en
améliorant la qualité de vie, pourtant à chaque fois que je pose directement la
question « combien de temps », je n’obtiens que des sourires
complaisants. Un seul médecin a pris le risque de me répondre pour me dire qu’aucune
personne du corps médical ne me répondrait.
Cette question ne
concerne pas que ma petite personne, elle est le point central de tous mes
proches et de l’organisation de notre vie au jour le jour, elle est un des
points qui fait partie de la confiance que nous portons à ces toubibs, et sans sincérité,
comment envisager un bon suivi.
Je suppose, mais ça
reste une supposition que nous approchons de la fin du voyage. J’ai dépassé le
temps médian de survie des malades dans mon état, je commence à être diminué
dans la vie de tous les jours, des détails que peut être personne ne voient, je n’ai plus ma vivacité d’esprit et ma tonicité physique. Je cherche très
souvent les mots justes pour ce blog alors que l’inspiration courait sur le
clavier de l’ordi il n’y a pas si longtemps.
Mon œdème, après une période de répits, c’est
transformé en jambe ankylosée qui est un réel handicap de chaque instant, plus
de réflexes, un léger boitement, des trébuchements à chaque instant, un risque
réel de chute à chaque fois que je prends des escaliers. Cette jambe engourdie est
vraisemblablement le signe d’un début de problème de vascularisation. Je ne
vous fais pas la liste de tous les risques vasculaires qui vont de l’infarctus
du myocarde à l’AVC…
Les prises de
médicaments qui sont prescris pour juguler ce cancer accentuent ces risques et
favorisent la prise de poids. Nous en saurons plus à la prochaine analyse du
sang, puisque le PSA n’est plus le centre du monde à ce niveau.
Depuis que je suis
malade, j’ai appris à écouter mon corps, je n’arrive pas encore à communiquer
avec mes cellules, mais je sais reconnaître et déceler certains blocages.
Comment expliquer à
mes médecins que je n’ai pas peur de la réponse, qu’ils ne vont pas se prendre
une décharge émotionnelle dans leur
bureau, que je veux simplement profiter de la vie qui me reste et que sans
réponse, c’est très difficile de jouir de chaque instant.
Comment expliquer à
mes médecins qu’ils ne doivent pas avoir peur. Je sais que la marge d’erreur
dans mon cas est très importante, mais ne peut-on avoir une idée, même imprécise,
un seuil maxi…
Le milieu hospitalier
avec son flot de malades toujours plus nombreux ne permet pas aux médecins de
consacrer le temps qu’ils voudraient à chaque patient. Chaque consultation
commence par « comment allez-vous ? » et moi de répondre comme
un con « ça va… ». A la prochaine visite, je vais faire le point sur
tout ce que je ressens en détail, sur ce cumul de petits bobos qui regroupés
peuvent peut être nous donner un peu plus d’indices.
Que les choses soient
claires, je le dis une fois de plus, je ne suis pas dans une analyse morbide de
mon état, je veux vivre pleinement le temps qui me reste et le plus longuement
possible, mais pour ça, il faut que je sois libre.
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