Larguer les amarres




Le voyage commença en janvier 2012 avec un petit papier portant la mention « PSA ». S’en suivit une expédition de plus de 5 ans en territoire inamical où les vagues portaient des noms dénués de poésie tel que Biopsie, Scintigraphie, Scanner, Traitement hormonal, Radiothérapie ou encore Chimiothérapie.

Comme tout bon aventurier qui se respecte, le voyageur a tenu le cap contre vents et marées. Les vagues ne venant jamais seules, le navigateur intrépide fit face à des tempêtes, la pire de toutes s’appela Douleur : elle était de celles qui déchirent les voiles et fendent les coques des esquifs trop audacieux. Mais le voyageur se montra toujours entêté, et malgré les grimaces, ria au nez des typhons et surmonta les vagues.

Clémente, la mer lui offrit des horizons nouveaux et chaleureux : Belle Île, l’Espagne, le Tarn, la Sicile… De plus il n’était pas seul. Il croisa de nombreux navigateurs dans son sillage, se réchauffant à leur rencontre. Et il y avait les escales au Foyer où des visages familiers et accueillants l’encourageaient dans son aventure. A tous, il apportait lui-même du réconfort et du soutien dans les moments difficiles. Ainsi revigoré, le cœur chargé de courage, le navigateur reprenait son fastidieux voyage.

En 5 ans, le bateau devint de plus en plus frêle et le voyageur de plus en plus fatigué. Il maintint le cap jusqu’à toucher terre. La sournoise Douleur tenta de l’atteindre une ultime fois mais il se réfugia dans les bras de son Aimée et la rêverie prit le dessus sur la souffrance.

La nuit dernière, les Perséides illuminaient le ciel, le navigateur s’accrocha à une étoile filante et appareilla.

La mer laissa place à la Voie lactée pour le plus serein des voyages.

Avec tout notre amour.


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Jean-Marc nous a quitté le 12 août 2017 vers 21h40, entouré de son épouse et de ses enfants. 
Il ne souffrait plus et s’est éteint dans un souffle.

Merci à tous d’avoir suivi son voyage, merci pour vos commentaires et vos messages, il les appréciait énormément.