Témoignage d’une femme de malade de la prostate


27 oct 2013

Tombée par "hasard" enfin parce que besoin de réponses comme "tu" en  cherches quand une saloperie comme cela arrive dans la maison je suis surprise par le nombre de similitude dans ce voyage avec celui que vit mon conjoint.
Cela m'a fait rire (pour ne pas pleurer) par endroits et ....
voilà, je lis  pour comprendre ce qui se passe dans la tête de l'autre car voyager avec la bête est difficile, mais regarder l'autre fusionner avec sa bête et ne rien pouvoir faire n'est pas non plus très réjouissant.
Une autre façon d'appréhender le "demain", la désagréable impression d'avoir une épée de Damoclès sur la tête et ne pas pouvoir se plaindre car c'est l'autre qui souffre....
Et comme souligné maintes fois dans ces articles, le silence ou les non-dits du corps médical...
Cette solitude à laquelle il faut faire face et se dire qu'il faut aller de l'avant, prendre ce qu'il y a à prendre, vivre au présent... je ne serais pas d'un grand réconfort mais, merci de ce témoignage.

M R

J’ai eu d’autres contacts identiques et j’échange du courrier avec des filles ou femmes de malades, personne ne veut publier. M R est la seule à avoir accepté la publication de son message, sans donner suite pour le moment. Je comprends et je respecte ces choix tout en étant intrigué.
Si vous cherchez sur Internet des blogs sur des femmes atteintes du cancer du sein vous avez un choix énorme avec beaucoup de qualités et de vérités, ce qui prouve que vous savez vous exprimer sur des sujets aussi graves. Dès qu’on parle de cancer de la prostate, c’est le désert sur la toile…

J’ouvre donc le chapitre filles et femmes avec ce premier message en espérant vous inciter à communiquer sur ce que vous vivez près d’un malade du cancer de la prostate.

Explications « pédagogiques » sur le cancer de la prostate métastatique.


25 oct 2013

Depuis le début de ce voyage, je lis beaucoup et je cherche beaucoup sur le web, du coup je lis énormément d’informations qui n’en sont pas et qui laissent le doute s’installer ou pire incitent à jouer l’autruche sur des problèmes graves.

La vocation de ce blog étant de partager l’information, celle qui me semble crédible avec ma touche d’expérience, de mauvaise humeur et d’humour quand on peut en mettre, je vous livre à partir d’une définition, particulièrement bien rédigée, sur le cancer de la prostate métastatique publié sur le site de l’Institut Mutualiste Montsouris une description annotée en italique de mon expérience avec ce compagnon de voyage, le cancer, qui me pourrit la vie depuis que nous avons été présenté.

Ces annotations ne sont que des réflexions personnelles basées sur du vécu et n’ont pas un caractère scientifique, de plus l’article de L’Institut Mutualiste Montsouris date de 2009 et depuis cette date bien des choses ont évolué sur le plan des moyens thérapeutiques. 

Que veut dire métastatique ?
Le cancer de la prostate est comme beaucoup d'autres cancers, une maladie locale au début. Avec le temps, les cellules cancéreuses finissent par diffuser à l'ensemble de l'organisme. Les localisations à distance s'appellent des métastases. Ces métastases gardent longtemps les mêmes propriétés que la tumeur initiale, notamment en ce qui concerne la sécrétion de PSA.

Le transport des cellules cancéreuses se fait passivement par le sang ou la lymphe. On peut donc dire schématiquement que les métastases sont équivalentes à de petits fragments de la tumeur prostatique qui se seraient libérés pour aller se fixer à distance, et y recréer d'autres tumeurs prostatiques avec les mêmes caractéristiques.

Les organes les plus fréquemment atteints par les métastases du cancer de la prostate sont les os et les ganglions de l'abdomen et du petit bassin. Les autres localisations (foie, poumons, cerveau) sont beaucoup plus exceptionnelles.

Les signes cliniques des métastases
Les signes cliniques des métastases ou symptômes, découlent de leurs localisations. Dans les os, elles peuvent engendrer des douleurs souvent imprécises et variables au début, qui se localisent plus nettement au cours de l'évolution. Dans les ganglions, les métastases vont grossir, progressivement et entraîner des douleurs ou des blocages par compression de voisinage. Ceci aura pour effet de faire apparaître des gonflements au niveau des chevilles (oedèmes), des difficultés pour uriner, voire de la constipation.

Les moyens diagnostiques
Pour mettre en évidence et visualiser ces métastases, on utilise la scintigraphie osseuse pour le squelette, et le scanner abdomino-pelvien pour les ganglions. L'IRM (imagerie par résonance magnétique nucléaire) permet une meilleure visualisation de l’enveloppe (capsule) prostatique atteinte par le cancer ou franchie ? Le PSA (prostatic specific antigen) dosé dans le sang, est un indicateur utile. Il est maintenant admis qu'un chiffre de 100 ng/ml ou plus, est associé à des métastases, alors qu'en dessous de 10 ng/ml, la tumeur est presque toujours localisée.


« Ce test de PSA est très décrié, bien qu’il reste aujourd’hui le seul marqueur pour mesurer l’évolution de la maladie. Mes médecins ont la fâcheuse habitude de me faire remarquer le taux quand il baisse et de m’expliquer son manque de fiabilité quand il monte. Un nouveau test est en cours de développement à partir des analyses d’urine. « Ce nouveau test d'urine pour le cancer de la prostate, nommé MiPS pour Mi-Prostate Score, est désormais disponible aux Etats-Unis. Développé par le « MLabs » de l'Université du Michigan, le test améliore l’efficacité du test sanguin PSA, augmente la capacité de détection des tumeurs de la prostate à haut ou à faible risque, et, en fin de compte, pourrait permettre d’éviter des milliers de biopsies inutiles. » sources www.santelog.com

Il est clair qu’un grand nombre de biopsies pourraient être évitées. La biopsie consiste à faire sous anesthésie une dizaine de prélèvements dans la prostate pour mesurer de façon précise par le taux de Gleason le stade d’évolution et le type de cancer qui vous habite. En dehors du fait que ça a le mérite d’être précis, ça va surtout accentuer le problème. Avant la biopsie, je n’avais pas de gènes urinaires, pas de douleurs, aucuns signes extérieurs de cancer, mon taux de PSA avait été décelé à 97, après la biopsie il est passé à 400 et les problèmes se sont cumulés. Même si ce taux élevé n’a été que passager et qu’il est retombé vers 100 quelques semaines plus tard, ça n’en a pas été de même pour les blocages au niveau de la miction, la glande prostatique n’a plus la même forme, elle présente un renflement qui bouche partiellement la sortie de la vessie, les œdèmes aux jambes sont apparus et ont tendance à se généraliser sur le corps, j’ai pris 10 kg, perdu mes cheveux, vu mes cheveux repousser mais pas ma moustache, mes terminaisons nerveuses sont endommagées, j’ai des pertes de mémoire et une impossibilité à me concentrer, je ne peux plus travailler… 
Je n’accuse pas la biopsie de tous ces maux, les effets secondaires des moyens thérapeutiques ont très largement leur part, ce ne sont pas des cachous, vous pourrez le constater dans le chapitre suivant»

Les moyens thérapeutiques
Le traitement du cancer de la prostate métastatique utilise le fait que les cellules prostatiques ont besoin d'hormones de types androgènes pour survivre, le cancer est hormono-dépendant. Les cellules cancéreuses prostatiques gardent longtemps cette propriété, et l'objectif du traitement sera de supprimer la sécrétion de ces hormones pour faire disparaître le maximum de cellules.

Ces hormones sont synthétisées pour plus de 70 % par les testicules (testostérone), et pour le reste par les glandes surrénales. La base du traitement du cancer de prostate avec métastases est donc une castration qui peut être soit chirurgicale soit chimique, afin d'obtenir une diminution maximale du taux des hormones mâles dans le sang et dans les organes sensibles à son action, comme la prostate et les cellules métastatiques. La pulpectomie ou orchidectomie bilatérale (interventions chirurgicales sur les testicules) a été la première alternative en 1941, avec un excellent résultat thérapeutique. Les analogues LH-RH en bloquant la sécrétion d'une glande cérébrale (hypothalamus), aboutissent à cette chute du taux plasmatique de la testostérone, au prix d'une injection sous-cutanée ou intramusculaire qu'il faut refaire régulièrement pour entretenir l'effet. Les anti-androgènes périphériques (effet bloquant au niveau des récepteurs périphériques), peuvent être couplés aux analogues LH-RH, ou être utilisés seuls sous forme de comprimés dans la journée, sous certaines conditions. Les effets secondaires de ces traitements " dits hormonaux ", sont essentiellement constitués de bouffées de chaleur et d'une disparition de la libido (désir sexuel et érection), et de très grosses fatigues, sauf en cas d'utilisation des anti-androgènes seuls chez certains patients.

La chimiothérapie cytotoxique peut avoir quelques indications dans le cadre de protocoles d'évaluation de son efficacité. Le traitement hormonal peut être entrepris de façon intermittente entre 3 et 9 mois, suivi d'un arrêt et d'une simple surveillance des malades jusqu'à ce que le taux de PSA remonte progressivement indiquant une nouvelle série d'injection des produits anti-hormonaux. Le département d’urologie de l’Institut Montsouris possède la plus large expérience mondiale du Traitement Hormonal Intermittent (THI). (World J Urol. 2009 Feb 27)

« Un grand nombre de malades sont hormono-résistant et devront donc passer par la chimiothérapie aujourd’hui principalement avec du taxotère, qui donne trop souvent des échecs. Il existe, suite à ces échecs, d’autres traitements comme le Zytiga ou encore plus récemment l’Enzalutamide qui sont des anti-androgènes non stéroïdiens qui vont directement agir sur la limitation de production des testostérones.
Il faut toutefois bien comprendre que tous ces médocs font partie de ce que l’on qualifie de traitements palliatifs, en aucun cas ils ne guérissent du cancer, ils contribuent ou du moins tentent d’améliorer le confort du malade et participent à repousser l’issue fatale ».

Conclusion
Même au stade métastatique, le cancer de la prostate reste une maladie que l'on peut traiter efficacement au prix d'une surveillance attentive, et de modifications thérapeutiques régulières et successives, permettant longtemps un bon contrôle du processus de multiplication cellulaire.

« Ça, c’est très optimiste, traiter efficacement ne signifie pas guérir, dans la réalité des faits, le cancer de la prostate est le cancer qui est responsable d’un taux de mortalité toujours très important, mais la recherche avance à grand pas et bien entendu, il faut toujours y croire. De plus en plus de jeunes cas apparaissent, mon cancer a été décelé à 53 ans (actif au moins depuis 8 ans, sans que je me doute de sa présence), il était déjà trop développé pour juguler quoi que ce soit. Avec les différents traitements, j’ai dépassé le délai médian de mortalité qui est de 18 mois pour un cancer métastatique et je compte bien voir encore quelques saisons.
Une seule chose est certaine, il faut tout faire pour développer la prévention avec des contrôles sanguins ou urinaires, peu importe, mais le plus tôt possible, les médecins préconisent un test à 50 ans, vers 40 ans me parait plus réaliste pour que ce soit concrètement de la prévention efficace, et surtout qu’un soupçon ne déclenche pas une biopsie systématique. Le cancer de la prostate n’est pas qu’une histoire de famille, longtemps considéré comme héréditaire, aujourd’hui il est aussi répertorié dans les maladies inexpliquées. Des recherches en cours sur l’implication des pesticides pourront peut-être permettre une lutte plus efficace en amont, mais cette guerre contre le profit ne sera pas simple »

La double peine, cancer et précarité

22 oct 2013

« On commence à avoir des patients qui ont faim », s’alarme le Pr Laurent Zelek, selon lequel le phénomène de précarité liée au cancer, aujourd’hui manifeste en Seine-Saint-Denis, « existe à bas bruit ailleurs et est annonciateur de ce que l’on va bientôt voir un peu partout ». Cruelle ironie, alors que les autorités sanitaires multiplient les messages incitant les patients à avoir une alimentation saine… On en est bien loin.

Bien entendu il y a malheureusement trop de personnes qui sont déjà dans la misère sociale avant d’être malade, et dans ces cas le cancer devient vite un fléau qui va les diminuer encore plus. En France nous avons une prise en charge sociale importante, pourtant bon nombre de malades vivent très mal leur cancer.

Et puis, il y a les autres, ceux qui ont un confort minimum ou plus et pour qui aussi bien dans leur esprit que dans le jugement de tout à chacun, il serait indécent de se plaindre, Pourtant, tout va très vite, il n’y a pas besoin d’être socialement fragile pour sombrer dans cette précarité, la recette est simple et bien connue des services sociaux qui ne font rien. Dans un centre anti cancer comme l’ICM de Montpellier, il y a plus de 1000 soignants et plus de 150 médecins, tous les malades sont atteint du cancer, ici on ne soigne pas la grippe, et il y a une seule assistante sociale. Cette femme, je l’ai rencontré il y a déjà plusieurs mois pour l’alerté sur une situation que je sentais venir, mon dossier ne lui est pas resté dans les mains bien longtemps, « je ne peux rien pour vous, monsieur »…

Ensuite, tout va très vite. La fatigue qui accompagne tous les malades du cancer va être le premier facteur qui va vous faire sombrer dans l’antre de la précarité et vous en serez le seul fautif. Cette fatigue insidieuse vous empêche petit à petit de réfléchir et diminue votre acuité au travail, comme tous les responsables d’entreprises, j’ai voulu trop en faire et je l’ai fait de travers. J’ai pris la décision de m’arrêter trop tard, le mal était fait, j’avais déjà perdu mes plus gros clients et cassé la réputation de l’entreprise. Hier florissante, aujourd’hui au bord du dépôt de bilan. Excès d’orgueil ou refus d’accompagnement par les administrations, le résultat est là, c’est ma faute…

Les banquiers, mes amis les banquiers, comment les remercier de leur grande mansuétude de m’accorder certaines facilités d’une main en me contraignant de l’autre. Du temps où j’avais sur mes comptes de quoi vivre avec toute ma famille pendant une bonne année, je n’avais jamais de contact, même quand je cherchai à les joindre. Aujourd’hui, au rythme des coups de téléphone et des lettres avec agios, ils se soucient beaucoup de mes problèmes de santé. L’un d’eux avec son slogan « Le bon sens près de chez vous » est même capable de se positionner en tant que concurrent de mon entreprise en vendant lui-même des services de création de site Internet à des prix cassés par rapport à ce que tous font sur le marché du Web. Hé oui votre banque peut vous vendre du site Internet, demain vous pourrez surement y acheter vos chaussures ou vos casseroles. Ça signifie que son bon sens va lui permettre de se donner le pouvoir de me mettre en cessation de paiement en même temps qu’il récupère ma clientèle. Vous conviendrez qu’il n’y a pas mieux pour me garantir une tranquillité d’esprit qui m’aiderait bien dans ce voyage avec mon cancer.

Enfin, cerise sur le gâteau, il y a les assurances. Il est vrai qu’aujourd’hui il existe une grande confusion entre les assureurs et les banquiers au point de ne plus savoir qui est qui. Ne croyez surtout pas que les assurances sur vos prêts vont vous garantir la tranquillité en cas de gros problème de santé.
Les assurances que j’ai contracté avec mes différents prêts doivent contractuellement prendre en charge mes échéances passé 91 jours de mon premier arrêt pour longue maladie, mais pour prendre en charge ces échéances, il faut d’abord remplir un dossier, et pour le remplir il faut le recevoir. C’est là que le bât blesse, ça doit être le facteur qui est trop lent…
Le scénario est bien prévu à l’avance, c’est le banquier qui lance la demande à l’assureur, l’assureur prend tout son temps, le découvert se creuse et le banquier vous transmet sa compassion à grand coup d’agios sur un découvert qui n’est pas de votre fait, mais bien là. Ensuite il va falloir quand il arrivera compléter ce dossier, et là sans l’aide de votre banquier vous ne pourrez pas le faire dans un délai qui correspond à vos besoins. Il va falloir prouver que vous ne cherchez pas à arnaquer l’assurance, remonter dans le temps pour répondre à une enquête minutieuse sur votre état de santé avant la signature du contrat. Là encore, tout est fait pour vous aider à mieux vous reposer, mieux dormir, ne pas vous inquiéter sur l’avenir de vos proches…
Il faut en moyenne huit mois pour que l’assurance accepte de prendre en charge ce qu’elle vous doit contractuellement, certes avec un effet rétroactif du fait du temps consacré à l’étude du dossier, mais néanmoins huit mois pendant lesquels votre découvert va atteindre des sommets que votre banquier n’acceptera pas.

En 2011 juste avant l’annonce de mon cancer, ma situation professionnelle n’avait jamais été aussi florissante et enrichissante. La semaine dernière, nous n’avons pas fait de courses hebdomadaire pour remplir le frigo pour les huit jours à venir, expérience de bobos pour certains, véritable douleur dans les faits. Bien entendu nous ne sommes pas morts de faim, comme tous nous avions peut être trop de réserves et avec un peu d’imagination, des plats simples peuvent être très bons.

Je ne suis pas à plaindre, propriétaire de notre villa, et de nos deux voitures, nous pouvons passer l’hiver à manger des pâtes bien installé dans nos fauteuils en cuir devant l’écran plasma, mais à cette allure, ça ne durera pas deux saisons.

Le cancer de la prostate et ses vagues de fatigues.

18 oct 2013

Il est à peine 11h00 en fin de matinée, je m’allonge pour récupérer un peu, la première sieste de la journée en quelque sorte. La sieste du temps où tout allait bien était un petit plaisir de fainéant, aujourd’hui c’est une obligation pour ne pas tomber par terre.
Il ne peut pas se passer plus d’une semaine où je me trouve en forme, systématiquement la fatigue me reprend et me terrasse. Une fatigue qui inhibe tout votre être, il n’y a plus de pensées et vous êtes physiquement à l’identique d’une serpillère, une fatigue qui va encore plus loin, elle vous ronge de l’intérieur, vous met au fond de la gorge un gout amer, vous tord les boyaux, même si vous avez mangé sainement et sans excès, une fatigue qui vous fait trembler les membres et vous rend fébrile, vous n’êtes plus rien qu’un tas inerte incapable de se défendre.
Ces moments sont de plus en plus fréquents et ne m’aident pas à garder un moral à toutes épreuves comme j’ai pu l’afficher jusqu’à maintenant.
Le cancer est plus fort, quoiqu’on fasse, à ce stade de la maladie, il sait prendre le dessus.

La nostalgie contient de l’adrénaline

15 oct 2013

Je ne vais pas vous faire une crise de nostalgie, bien que dans ma situation la nostalgie des bons moments vécu est plus de l’adrénaline que du blues. Vers la fin des années 70 j’étais étudiant et comme tous dans ce cas ou du moins je le souhaite à tous j’ai connu d’intenses moments de délire avec deux complices, Michel et Thierry. Aventures, Voyages, Cinéma, Rock & Roll, soirées ou même après midi arrosées et délire en tout genre sans retenu et sans obligation, l’époque le permettait.

Cette période dans la vie est toujours limitée et en générale disparaît avec les obligations professionnelles, la vie de famille et tout le tintouin que je ne regrette pas non plus, loin de là... C’est effectivement ce qui s’est passé, nous nous sommes perdu de vue peu de temps après l’entrée dans la vie active, celle qui tue votre insouciance et vous fait rentrer dans un moule.

Le hasard des rencontres au fil du temps a fait que Michel et moi nous sommes croisé à quelques reprises, pratiquant le même métier et étant descendu tous les deux vivre dans le sud, les rencontre même fortuites ne pouvaient qu’arriver. Thierry lui était parti de l’autre côté de l’atlantique, en Guyane, et là il n’y avait pas de pont et plus aucun contact.

Nous avons renoué des contacts avec Michel il y a deux ou trois ans et malgré les aléas de la vie, nous nous rencontrons de temps en temps. A sa dernière visite je l’ai informé au sujet du voyage avec mon cancer et du stade avancé de ce dernier, quelques jours plus tard j’ai été contacté au téléphone par Thierry. Merci Michel...
Je ne peux pas vous décrire le bonheur que ça procure. La conversation très décousue, où tout se mélangeai, où l’un parlait en même temps que l’autre tellement nous avions à nous dire m’a fait plus de bien que tous mes médocs. Au bout de 2 heures j’ai dû interrompre à regret cet échange, en espérant le renouveler rapidement.

Je ne sais pas si ça a influencé, mais les jours qui ont suivi, je pétai la forme.

Je vous le confirme, la nostalgie contient de l’adrénaline, et c’est de la bonne…

Le miroir n’est pas très complaisant

15 oct 2013

Le passage devant le miroir de la salle de bain devient une épreuve difficile à supporter. Quand j’étais petit, je n’étais déjà pas très costaud et une fois adulte, je suis resté toute ma vie avec une taille très moyenne et un corps plutôt svelte, en terme clair il ne fallait pas éternuer trop près de moi au risque de me voir chuter comme un château de carte. Vers 30 ans je pesai 51 kg pour 1,71 mètre.
La stabilité de la vie familiale m’a permis d’ajuster ce déséquilibre en gagnant quelques kilos, mais rien que du muscle…
Tout ça à bien changé, la maladie et les médicaments ont amené leur lot de mutations physiques. Je vais bientôt afficher mes 80 kg, le visage bouffi, les pommettes rougeoyantes, la bouée autour de la ceinture qui dépasse du pantalon. Je n’ai jamais jugé qui que ce soit pour son embonpoint, mais celui que je vois dans la glace, je ne le supporte pas. Avec 10kg de moins je me sentais solide, là j’ai une impression de fragilité, d’autant que je ne sais pas jusqu’où ça va aller. Je fais au mieux pour avoir un peu d’activité physique et je ne fais pas bombance à chaque repas, je ne grignote jamais et ne mets jamais trop de sel dans mes préparations. Nous avons au sein de la famille une culture culinaire qui nous incite à manger fruits et légumes frais, jamais de plats préparés, jamais de conserve.
La maladie me ronge petit à petit, et  j’ai l’impression de visualiser cette échelle sur mon tour de ventre. Dès que je ressens un excès de fatigue ou un impact quelconque de la maladie, je constate également une prise de poids ou au minimum un degré de « bouffi » sur le visage. Je n’aime pas ce corps.

Ordonnance d’ibuprofène 400 par la poste

11 oct 2013

Sans plus d’explication je viens de recevoir de mon oncologue par courrier une ordonnance avec la prescription pour de l’ibuprofène 400mg à raison de 2 cachets matin, midi et soir. Ibuprofène est un puissant anti-inflammatoire qui à forte dose peut provoquer chez les personnes sensibles des problèmes vasculaires graves.
A priori, je ne fais pas partie des personnes sensibles, du moins jusqu’à maintenant, rien ne le laisse penser, pas plus qu’on aurait pu penser au cancer de la prostate à 53 ans quand on me l’a décelé à un stade très avancé, c'est-à-dire actif surement depuis plusieurs années.

Mais pourquoi me donne-t-on ce médoc sans plus d’explication ?
Si je vous fais la liste de ce qui est enflé dans mon pauvre petit corps, vous allez surement vous lasser de lire ce blog qui n’a pas vocation à devenir un dictionnaire d’anatomie, nous nous contenterons de résumé que je suis globalement enflé à l’extérieur et partiellement enflé à l’intérieur. Le paradoxe, est que ma condition d’enflé a été provoqué et est entretenu par la prise de certains médicaments, que l’œdème de la jambe qui est en train de se transformer en œdème des jambes a été ainsi provoqué par des séquelles de la chimio qui ont copieusement endommagé les ganglions lymphatiques et les terminaisons nerveuses, d’où ces douleurs à la cheville également.
En bon patient docile, je vais prendre cette posologie, parce que dans mon état on a le droit d’espérer encore un peu sur une éventuelle amélioration du confort, mais le doute accompagne cette prise de médoc sur son bienfondé et sur les risques à venir.

En ce moment l’enflé, il a mal partout à l'identique d'un lendemain d’efforts trop importants. Je viens de passer une semaine d’insomnies et de douleurs comme si j’étais enfermé dans la cale pendant une tempête qui aurait un peu trop secoué le navire. La tempête est passée et le bateau craque de toute part. Est-ce que ce supplément de cachets va m’apaiser ?

Correctif : Ma ligne de téléphone avait été coupé pendant 1 semaine suite à du vandalisme sur les câbles, en lisant les messages, j'ai découvert celui de mon oncologue qui m'explique que ces nouveaux cachets sont destinés à calmer les problèmes d’arthrose qui ont été décelé à ma cheville au dernier IRM. Tiens, j'ai de l'arthrose maintenant ?

Le PSA baisse et pourtant.

3 oct 2013

Les résultats des derniers examens sanguins au seuil du premier mois de traitement avec Enzalutamide font ressortir une baisse du PSA, de 371.50 le premier jour, nous étions au bout du 15 ème jour de suivi à un taux de 251.80, nous sommes maintenant à 188.20, et pourtant rien ne va, je n’ai jamais été aussi mal.

Les toubibs s’en réjouissent, comme d’habitude quand le PSA baisse, ils ne manquent pas de le faire remarquer. Moi je ne vois pas ça de la même façon. Depuis 2 ans que ce cancer est déclaré, le taux de PSA à doublé, j’ai pris presque 10 kilos, je ne peux plus travailler, ma capacité de concentration et ma mémoire partent en vrille, j’ai des douleurs un peu partout, des étourdissements, une fatigue qui m’oblige à m’allonger plusieurs fois dans la journée au point que mes chats en sont jaloux, des insomnies, des difficultés urinaires, des crises de diarrhée presque quotidienne, un œdème à la jambe gauche qui devient douloureux au point de m’empêcher de marcher trop longtemps …

Ces derniers temps les signes de fatigue se sont considérablement accentués. Le dernier rappel d’Eligard m’a littéralement mis à genoux, je suis au plus bas de ma condition physique et morale que je ne l’ai jamais été.

Ce billet comme les derniers d’ailleurs n’est pas des plus optimistes et ne donne surement pas trop l’envie de lire ce blog qui jusqu’à maintenant a toujours essayé de garder un ton « décalé » pour donner un intérêt à la lecture sur ce sujet, vous m’en excuserez en espérant que cette baisse d’énergie ne soit que passagère.

Injection semestrielle d'Eligard

1 oct 2013

Ce matin injection d'Eligard, une petite piqure pour six mois de castration chimique. Cette injection est incontournable pour tous les malades de la prostate, c'est le minimum pour limiter le développement de la saloperie.
Perso je dois le faire tous les six mois, même si je suis hormono résistant. Je n'ai jamais eu d'explication sur l'obligation de cette piqure alors qu'elle ne me fait pas d'effets.
Quand je dis pas d'effets, c'est pas d'effets bénéfiques, parce que pour le reste, y tout ce que vous voulez.
Depuis l'injection, il y a environ 4 heures, j'ai la tête qui tourne, je plane au dessus de tout, j'ai mal à peu près partout et je suis obligé de faire un effort démesuré pour rédiger ces lignes. C'est la première fois que je réagis de la sorte avec ce médoc; preuve que la bête est peut être moins solide qu'avant ?