Tout est dit

30 octobre 2012

Retour de ma journée marathon de chimio.
Les conditions d'accueil sont au top, une minute après l'arrivée au centre Val d'Aurelle, on est pris en charge et on a tout le temps de confier ses maux au médecin. À la déclaration du problème persistant de mon lymphœdème malgré le traitement, la première réaction du médecin est de vérifier l'état de la jambe et de prescrire un Doppler de contrôle pour confirmer son analyse et me donner des explications concrètes sur mon état de santé. Là où le bas blesse (pas celui de contention) c'est la réponse à mes interrogations sur ma perte de mémoire "courte", celle qui me sert à gérer, mais quel est ce mot qui défini si bien mon problème, ha oui, concentration, cette fameuse capacité qui sert à analyser les dossiers et à rédiger une proposition qui m'a toujours permis de concrétiser des marchés.
Hé ben mon p´tit gars, il va falloir faire avec, c'est un problème bien connu chez tous les patients de chimio. Au bout d'un moment, tu fonds les plomb, mais c'est normal, ça fait le même effet à tout le monde, donc on fait avec et on ne propose pas de solutions...
Pour le reste du marathon, c'est presque deux heures de salle d'attente pour avoir une chambre ou une cabine pour l'injection, parce que là aussi il faut retomber dans la réalité, il y a une telle recrudescence de cancer qu'il faut savoir être "patient" dans tous les sens du terme.

Les non-dits

29 octobre 2012

Je reprends ce message posté hier à partir de mon téléphone suite à un coup de blues .Ce n'est plus un problème lié aux questions et aux réponses, la nouvelle équipe qui m'a pris en charge, répond très simplement à toutes mes requêtes.
C'est simplement une constatation des dégâts collatéraux. Je n'ai plus totalement ma capacité de concentration et ma réflexion de disponible. Je viens de passer une bonne minute à trouver le terme concentration pour utiliser le mot juste.
C'est sûrement une conséquence du traitement. Mais c'est aussi un poids de tous les instants.
Je voudrai me poser pour lire un peu, j'ai deux bouquins en cours, un polar et un essai socio-économique. Je n'arrive pas à me plonger dans la lecture plus de 2 minutes et suis obligé de reprendre quelques pages à chaque fois pour suivre le fil du récit.
Pour les dossiers à rédiger ou à consulter le problème est identique.
Dans la journée je vois l'équipe soignante pour ma chimio, avant l'injection il y a toujours un entretien avec le médecin pour bien évaluer l'avancé du traitement, le sujet du jour sans aucun doute sera de lancer une réflexion sur la possibilité de travailler sur cette concentration. Il est très frustrant de constater que la tête ne va pas à la même vitesse que le reste du corps.

Les longs silences



29 octobre 2012
Ne pensez pas que ces longs silences ou plus précisément le temps qui est de plus en plus long entre deux messages sont le signe d'abandon, de capitulation, de désespoir...
L’envie d’écrire est toujours intacte. C'est le manque d’inspiration et le temps que je consacre au travail et à la réfection de la cuisine qui mine la production d’écrits. L’écriture est un « travail » de longue haleine, il faut faire naître l’inspiration, travailler l’imaginaire, l’habiller des mots qui lui tiendront chaud. Il y a également le texte impulsif qui sort avec la colère et qui souvent surprend par sa justesse. Mais encore faut il maîtriser sa colère ou du moins avoir une colère, de ce côté-là, je suis dans une phase plutôt sereine et je ne m’en plein pas.
Donc merci à vous qui me lisez régulièrement et excusez ce calme littéraire, je devrai reprendre un rythme plus régulier d’ici une quinzaine.

Demain cinquième cure de chimio, avec ses contraintes et ses suites toujours imprévues.

Un petit voyage d'automne

24 octobre 2012

Dans la journée grâce à mon vrai, faux mi-temps, j'ai trouvé quelques grisets et quelques girolles.
Ce soir, au menu, fricassée de champignons, avec saucisses aux ceps et aligot pour être sûr de s'achever...

Suite de mon voyage à cloche pied



24 octobre 2012

En ce moment je passe mes journées à alterner des périodes de travail au bureau et des temps de bricolage dans la cuisine qui avance à cloche pied. La moitié du matériel étant en attente de livraison, je ne peux faire que la moitié du travail, donc si vous avez suivi, tout va prendre au minimum deux fois plus de temps que prévu.

Je suis un peu habitué à tirer sur le temps. Depuis le début de la maladie il a fallu que j’aménage mon temps en intercalant des moments de repos indispensable à la guérison, et des périodes consacrées à l’entreprise. Le travail n’a pas baissé pour autant, j’ai perdu énormément de marché, environ ¼ de mon chiffre d’affaire annuel, alors, je suis obligé de travailler plus pour essayer de gagner de nouvelles parts de marché. Travailler plus par nécessité en essayant de travailler moins par obligation, je ne vous donne pas tous les codes de ce dilemme mais c’est très, très chaud.

Après avoir eu tous les renseignements possibles sur l’éventuelle possibilité de me mettre en arrêt maladie, le compte est vite fait, ce n’est pas envisageable. Je ne vais pas vous faire la complainte du chef d’entreprise qui pleure parce qu’il cotise trop, mais quand même, force est de constater que le régime de cotisation des entrepreneurs est un des plus cher en même temps qu’il est celui qui couvre le plus mal les risques.

Je vais donc continuer à cloche pied, comme mon chantier, continuer à travailler pour ne pas perdre ce que j’ai monté. Plus j’avance dans le traitement, plus je suis fatigué, ma jambe gauche est toujours invalidante et ma capacité à me concentrer sur des dossiers est sérieusement diminuée. Mes collaborateurs, très complaisants, me font gentiment quelques remarques à ce sujet à la relecture de mes dossiers. Je leur en sais gré, sans cet appui, je passerai directement des dossiers pleins d’aberrations à mes prospects et ça n’arrangerai sûrement pas mes affaires au bout du compte.

Je viens de passer plusieurs minutes devant mon clavier pour vous rédiger ces quelques lignes, j’ai des douleurs dans la jambe, je ne peux pas resté assis trop longtemps, il va falloir s’allonger une petite demi-heure pour récupérer. C’est le rythme de mes journées qui devient habituel.

Tout est bon dans le maïs Monsanto



22 octobre 2012
Sources de l’article :
L’auteur : Jean-Yves Nau Journaliste et docteur en médecine, ancien instituteur, Jean-Yves Nau a été en charge de la rubrique médecine du Monde de 1980 à 2009. Il tient le blog Journalisme et santé publique sur le site de l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP).

Maïs OGM Monsanto, l'étrange affolement du gouvernement français

Une expérience contestée sur deux cents rongeurs de laboratoire affole le gouvernement français. Bruxelles dit s’inquiéter. De quoi, au juste, s’agit-il?

Au départ, c’est un article à paraître dans une revue très spécialisée du groupe Elsevier: Food and Chemical Toxicology. Un article de recherche en toxicologie animale comme il s’en publie des centaines chaque semaine. Celui-ci est intitulé «Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize». Il est signé d’une équipe dirigée par Gilles-Eric Séralini et Joël Spiroux de Vendômois (Criigen, université de Caen), deux spécialistes connus de longue date pour être opposés aux organismes végétaux génétiquement modifiés.

Les chercheurs y expliquent avoir nourri, durant deux années, deux cents rats (mâles et femelles) soit avec du maïs normal soit avec le maïs génétiquement modifié «R-tolerant NK603» de la multinationale américaine Monsanto; une manipulation destinée à rendre ce végétal résistant à l’herbicide Roundup. Le maïs OGM NK603 est autorisé à l'importation en France et en Europe, où il est notamment utilisé dans l'alimentation du bétail.

L’alimentation de ces rats comportait jusqu’à 11% de ce maïs. Ils ont aussi ajouté dans l’eau de boisson de ces rats le même herbicide à des taux équivalents à ceux qui sont autorisés (aux Etats-Unis notamment) là où il est permis de cultiver ce maïs et de le traiter contre les mauvaises herbes avec du Roundup. Tel qu’il est présenté, le bilan de ce travail est hautement inquiétant. Les rats nourris avec le maïs génétiquement modifié développent entre deux et trois fois plus de tumeurs que ceux qui ne le sont pas. Au 24e mois, entre 50 et 80% des «femelles OGM» sont touchées par des processus tumoraux mammaires contre 30% de leurs congénères non-OGM. Des lésions rénales et hépatiques ont d’autre part été observées lors des autopsies, de même que la biologie a montré l’existence de déséquilibres des hormones sexuelles.

«Après moins d’un an de menus différenciés au maïs OGM, c’était une hécatombe parmi nos rats dont je n’avais pas imaginé l’ampleur». Il tient le blog Journalisme et santé publique sur le site de l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP). Ses articles

Nous avons testé pour vous

Alors pour être honnête, c'était bon mais fort.
Un dosage des épices plus raisonnable me parait indispensable, autrement si vous ne changer pas cet équilibre, vous pouvez mettre ce que vous voulez dans le plat, ça ne changera rien puisque seuls les épices vous parleront.

Dorade au curry et lait de coco



19 octobre 2012

Aller on se lâche avant même de refaire la cuisine

Préparation : 20 min

Cuisson : 30 min  
Ingrédients (pour 4 personnes) :
- 2 belles dorades
- 1 gros oignon rouge émincé
- 2 gousses d'ail émincées
- 1 poivron rouge coupé en lanières
- 1 poivron vert coupé en lanières
- 1 beau morceau de gingembre frais coupé en fins bâtonnets de 2 à 3 cm de long
- 3 tomates moyennes coupées en petits morceaux
- le jus d'un citron vert
- 1 boîte de lait de coco
- 1 cuillère à soupe d'huile d'olive
- 1 cuillère à café de curry
- 1 cuillère à café de curcuma
- 1 petite cuillère à café de piment séché broyé
- sel, poivre

Préparation :

Préparer le poisson, en ôtant la peau.
Le faire rapidement revenir, des deux côtés, dans une sauteuse dans l'huile d'olive, puis réserver.
Faire cuire l'oignon et l'ail émincés, ainsi que le gingembre, dans la sauteuse utilisée précédemment.
Ajouter les poivrons coupés en lanières, et faire cuire 10 min pour faire réduire.
Ajouter les tomates en morceaux, et faire cuire 5 min.
Ajouter le curry, le curcuma, le piment, sel et poivre. Mélanger.
Ajouter le jus du citron vert, puis le lait de coco. Mélanger.
Ajouter le poisson, et bien mélanger le tout.
Laisser cuire encore 10 min, en couvrant la sauteuse, à feu doux.
Servir chaud, avec un riz blanc.

 

Je vous tiens au courant des effets sur les testeurs dès demain.

Les alicaments



19 octobre 2012

Pour gérer au mieux la douleur liée à la chimio, je prends un jour avant et quelques jours après des anti-douleurs (Soluprède). La particularité de ce médicament est de me rendre hyperactif, c’est un peu comme si vous mettiez du kérosène dans votre réservoir.

Le bricolage étant une de mes passions,  je profite de ce tonus pour agencer au mieux la maison. Il y a un peu plus d’un mois nous avions refait du sol au plafond la chambre pour optimiser le temps de repos, maintenant nous allons attaquer la cuisine qui est le centre névralgique de notre maison et le lieu où nous nous soignons tous de nos maux, notre temple.

C’est par cette pièce que passent un grand nombre de bienfaits, du moins on essaye de bien les faire, pour notre plaisir tout en soignant notre équilibre et notre corps.

Je vous donnerai des nouvelles de ce chantier et de mes assistants qui me maudissent déjà avant même d’avoir mal au dos ou aux jambes après une journée à quatre pattes à décaper le sol…

Pour le moment, je vais plutôt vous parler des aliments qui contribuent à lutter contre la maladie. J’ai bien l’intention d’utiliser ma cuisine dans ce sens tout en me faisant plaisir. Certains aliments sont réputés comme des anti-cancers mais ont la particularité d’être, comment dire, pas très gustatif, pour rester dans un ton littéraire. D’autres ne demandent qu’à être accommodés pour le plaisir de vos papilles.

Les aliments fonctionnels, qu'on appelle aussi « alicaments », ont des effets bénéfiques sur la santé qui dépassent les propriétés nutritives de base. Les composantes bios actives qu'ils renferment favorisent la santé et le bien-être et contribueraient à réduire le risque de certaines maladies chroniques. Par exemple, le raisin renferme des polyphénols, des antioxydants naturels jouant un rôle dans la prévention du cancer. J’adore le raisin.

Le tableau ci-dessous présente des exemples de composantes qui auraient des effets bénéfiques sur la santé, ainsi que les aliments où on les trouve.

Composante Effet bénéfique Aliments qui en contiennent
Bêta-carotène Aide à prévenir les lésions cellulaires; peut réduire le risque de certains types de cancer. Patate douce, carotte, citrouille et cantaloup.
Lycopène Peut réduire le risque de cancer de la prostate, de maladie cardiaque et de dégénérescence maculaire (maladie oculaire grave). Tomate et produits dérivés (jus, sauce et salsa), melon d'eau et pamplemousse rouge ou rose.
Fibres insolubles Peuvent contribuer au maintien d'un tube digestif en santé et réduire le risque de certains types de cancer. Son de blé, son de maïs et pelures de fruits.
Bêta-glucane Peut réduire le taux de cholestérol et le risque de maladie cardiaque. Avoine, gruau, son d'avoine, orge et seigle.
Acides gras
oméga 3 (ALA)
Peuvent contribuer au maintien de la santé cardiaque, de la santé mentale et de la vision. Graine de lin, repas de graines de lin et noix de Grenoble.
Acides gras
oméga 3 (DHA et EPA)
Peut contribuer au maintien de la santé du cœur, des fonctions mentales et de la vision. Saumon, thon et huiles de poisson.
Anthocyane Peut contribuer au maintien des fonctions du cerveau. Bleuet, baie, cerise et raisin rouge.
Flavanol Peut contribuer au maintien de la santé cardiaque. Thé, cacao, chocolat, pommes et raisin.
Sélénium Prévient les lésions cellulaires et peut favoriser la santé du système immunitaire. Poisson, viande rouge, céréales, ail, foie et œuf.
Prébiotiques Peuvent améliorer la santé gastro-intestinale et favoriser l'absorption du calcium. Grains entiers, oignon, certains fruits, ail, poireau, aliments et boissons enrichis.
Source: plusquedesmedicaments.ca (encore nos amis canadiens, ils sont trop forts)
N’hésitez surtout pas à visiter ce site d’une grande richesse autour de ce sujet
 
Et en reprenant ce que j’ai cité dans un message de début septembre,



Les aliments protecteurs à privilégier
- Les aliments riches en lycopène, principalement les produits à base de tomate (tomate crue, cuite ou en sauce).
- Les alliacés (ail, oignon, ciboulette, échalote, poireau).
- Les produits du soja (tofu, lait de soja, etc.). Les isoflavones contenues dans le soja pourraient expliquer cet effet protecteur.
- Les sources de vitamines E (fruits secs, huiles végétales...).
- Les produits riches en sélénium (thon, sardine, blé complet, riz, brocolis, champignons...).
- Les noix du Brésil et autres fruits à coques riches en oméga-3, sélénium et vitamine E.
- Les fruits et les légumes bio.
- Le poisson : deux fois par semaine minimum.
- Le thé vert.
- Le curcuma (+ poivre noir).
- Les framboises
- Le jus de grenade semble prévenir ou ralentir le développement du cancer de la prostate.
Pour ce dernier, c’est sans moi, j’ai testé pour vous, et franchement faut être volontaire pour avaler ça. Mais ce blog a vocation à informer donc il est dans la liste, vous en faites ce que vous voulez.

Voila pour la liste des courses, la prochaine étape, les recettes.

Attaché à ma moustache



13 octobre 2012

Les canadiens qui sont beaucoup plus sensibilisés que nous au risque de cancer de la prostate lance tous les mois de novembre une campagne de sensibilisation. Les hommes qui participent à cette campagne se laissent pousser la moustache durant tout le mois de novembre et sensibilisent leurs proches sur la problématique du cancer de la prostate.

Personnellement, en tant qu’adepte de la moustache depuis toujours, j'aime bien l’initiative, il n’y a pas beaucoup de sensibilisation sur les causes qui touchent uniquement les hommes, donc autant en profiter. Le problème est qu’avec le temps, l’aspect sensibilisation a été relégué au second rang, au profit de la collecte de fonds et des photos d’hommes moustachus.

Cette information en dehors de son originalité bien canadienne me donne l’occasion de vous parler de ma moustache, de mon point de vue de malade du cancer.

A l’époque de la perte de cheveux suite à la chimio, je vous avais brièvement susurré quelques mots sur mon attachement à cette moustache, ne sachant pas comment l’exprimer de nouveau je vais reprendre les mêmes termes.

Ma moustache, tout le monde se fout de ma moustache, moi pas sans moustache je vais être à poil, enfin sans poil je vais être nu pour être plus précis. C’est sûrement le point le moins grave de la situation, C’est quand même une partie de ma personnalité qui va disparaître.

Depuis mon adolescence, je porte la moustache, je ne la porte pas pour faire genre, je la porte parce que je ne peux m’imaginer sans. Je l’ai rasé une ou deux fois dans ma vie, pas plus et pas longtemps, juste le temps de sentir ce malaise, ce regard des autres dans la rue.
C’est impensable, je sais, les gens dans la rue ne me regardaient pas, mais moi, j’avais l’impression de sentir leur regard, tous fixés sur cette absence de poil.

Avec le temps, cette moustache a affirmé sa présence et installé ma personnalité. Je ne me cache pas derrière ces poils poivre et sel, je porte cette marque de l’âge fièrement. C’est le détail qui fait que je ne suis pas comme tout le monde, celui qui me donne cette aplomb qui m’a sorti de ma timidité.  Essayez d’imaginer Charlot, Brassens, Ferrat, Freddy Mercury sans leur moustache…

Je ne vais sûrement pas du coup redevenir timide comme à ma prime adolescence, mais une certaine forme d’inconfort risque de prendre place. En tant qu’homme atteint par le cancer et traité par chimio, je n’ai pas été ennuyé de la perte de mes cheveux, gêné par les premiers froids de l’approche hivernale peut être mais pas par l’aspect physique.
J’ai rencontré lors de mes cures des femmes qui vivent beaucoup plus mal ce problème de calvitie. En les côtoyant, d’aussi près on sent bien ce sentiment de repli, ce n’est pas de la honte, c’est la crainte de personnes qui se retrouvent à l’extérieur, face au reste du monde, sans aucun rempart.

La fatigue est elle une fatalité ?



12 octobre 2012

Depuis la dernière injection de chimio, les sensations ne sont plus les mêmes, j’ai l’impression que je viens de passer un cap où le corps ne va plus répondre comme avant. Il y a sûrement un cumul de ce savoureux cocktail qui me fait percevoir les choses sous un autre angle.
Je suis dans un état de fatigue très prononcé avec une impression de planer au dessus de tout.
C’est à la fois oppressant et plein de sérénité. Je suis conscient de ce malaise mais j’ai l’impression de le regarder de l’extérieur.

La fatigue est l'un des symptômes les plus fréquents du cancer et de ses traitements. Les patients pensent souvent que cette fatigue est normale, d’ailleurs n’importe qui  pense de la même manière, je ne connais pas beaucoup de personnes qui s’inquiètent de leur fatigue, c’est généralement un poids que l’on porte comme quelque chose d’inévitable. Les malades n'en parlent pas ou peu à leur médecin.
Aujourd'hui, les effets secondaires des traitements (douleurs, nausées, vomissements…) sont traités, alors que la fatigue reste souvent sous-estimée et donc insuffisamment prise en charge.

J’ai deux facteurs qui se chevauchent et qui peuvent accentuer la fatigue, le premier  est le cumul de la chimio qui créé un gros déséquilibre au niveau des globules blanc qui diminuent mais également des globules rouges qui peuvent aussi diminuer (anémie). Le deuxième facteur est la conséquence de l’hormonothérapie qui accentue cette sensation de lassitude.

Cette semaine, j’ai cumulé la piqûre de rappel d’hormonothérapie avec la quatrième cure de chimio. C’est dur.

Interlude



10 octobre 2012

Je n’ai pas très envie de continuer à rédiger des messages qui vous font l’apologie de tel ou tel méthode sans y mettre un peu de ma plume avec ma dose d’humour et de voyage. Aujourd’hui je suis un peu comme un spationaute qui reviendrait de Mars avec un atterrissage forcé en fin de voyage.

Prisonnier entre le décalage horaire et les séquelles de la violence du retour sur terre.

Je crois que je vais simplement lâcher le clavier et retourner dans mes rêves pour essayer de négocier un retour plus clément, ensuite je pourrai continuer le voyage avec vous, mais à l’instant où je rédige ces quelques lignes, la fatigue est trop présente, le manque de concentration est permanent et l’imagination littéraire peu fertile.

Changement de cap



10 octobre 2012

Hier était mon premier contact avec l’équipe d’hospitalisation de jour de Val d’Aurelle pour ma chimio. J’ai l’impression d’avoir fait un saut dans le temps. L’entretien avec le médecin est d’une précision dans l’analyse du dossier et d’une ouverture d’esprit sur les demandes du patient comme je ne l’avais jamais vécu depuis le début de mon voyage. Ici pas de salle commune du club des cancéreux pour les injections, c’est box ou chambre privée avec cabinet de toilette, télé, clim…

Les infirmières sont avec des chariots équipés d’un terminal informatique qui leur permet de gérer chaque patient avec la vision sur le dossier médical mis à jour quelques minutes auparavant par le médecin.

Les injections se font par le biais d’une pompe qui régule  le débit, de ce fait quand l’infirmière vous annonce une heure d’injection ça dure 60 minutes pas plus, pas moins.

J’ai eu un contact avec une documentaliste qui m’a donné en quelques minutes tous les renseignements que je cherchais pour maîtriser un peu mieux l’organisation de mon travail par rapport à ma maladie.

Je suis pris en charge par une assistante sociale qui va travailler sur mon dossier de prise en charge et d’arrêt maladie auprès de la RSI pour me permettre de gérer ma chimio en toute quiétude.

Tous mes rendez vous de soins et d’examens sont programmés pour les deux mois à venir.

Cette énumération de fait peut vous paraître normale et même le minimum attendu dans ce cas de figure. C’est en fait totalement hors norme par rapport aux repères que j’avais pris jusque maintenant. Le voyage continue, mais pas en lowcost.

Quand le silence prend la place d’un manque de communication



10 octobre 2012

Pour faire suite au dernier message, si d’aventure je recevais des nouvelles de mon ancienne équipe médicale de la clinique Clémentville chargée de mon suivi de chimio, je vous en informerai rapidement, pour le moment ce n’est pas le cas. Ce silence me laisse très perplexe, non pas qu’ils me manquent, puisque mes questions sont toujours restées sans réponses, mais simplement parce qu’ils étaient sensés être responsables dans le cas présent de mes soins et un peu de ma survie.

Etre médecin, c'est soigner la maladie ou soigner le patient ?

9 octobre 2012

Un petit message très bref pour mes fidèles lecteurs qui me supportent.
Si vous avez suivi les derniers épisodes de "voyage avec mon cancer", vous avez sûrement noté ma satisfaction non dissimulée de changer d'équipe médicale pour cause de manque de communication.
Aujourd'hui était le jour programmé de ma chimio avec cette équipe de Médecin de ville qui subit ou travail pour développer le profit de nos cliniques privées.
Je n'ai pas prévenu cette équipe de mon choix de ne pas continuer avec eux.
Hé ben, visiblement, je ne leur manque pas.
Je ne me suis pas rendu au rendez-vous de chimio pour soigner mon cancer, ils ne s'en sont pas inquiété pour autant.
Quand mes enfants rataient un jour au collège, dans la première demie heure d'absence je recevais un coup de fil si je n'avais pas eu le reflex de prévenir.
Aujourd'hui je sèche ma chimio, même pas grave...

Le travail du dimanche bientôt obligatoire ?

7 octobre 2012

 

Dimanche, pour certains le jour du seigneur, pour d’autres celui de l’apéro et du tiercé, pour moi une journée de travail comme les autres entrecoupée de pauses puisque le mi temps dans mon cas consiste à étaler la durée du travail sur l’ensemble de la semaine.

Dans le même temps, des menaces pèsent sur le repos dominical d’un grand nombre d’employés en France. Entre productivisme, matérialiste à outrance et art de vivre, un vrai choix menacé. L’art de vivre est le point qui devrait passer avant toutes choses. C’est le choix de vie qui m’a obligé à étaler mon temps de travail sur 7 jours puisque rien n’est prévu au niveau social pour soutenir un chef d’entreprise en longue maladie.

Paradoxe, à une autre époque, j’étais militant pour le travail partagé en revendiquant la semaine de 4 jours, soit 32 heures, pour permettre de diminuer le taux de chômage en partageant les emplois qui restent. Je n’ai pas changé d’avis sur la question du partage, je pense même qu’une société sans partage n’a pas d’avenir. D’ailleurs, ce concept ne se limite pas au travail (conseil de lecture : La troisième révolution industrielle de Jeremy Rifkin).

Ma semaine de 7 jours m’est imposé pour tenter de conserver mon entreprise. Dans le cas du travail partagé, c’est exactement le contraire, le partage des emplois permettrait de donner du pouvoir d’achat à ceux qui n’en ont plus et donc par la même d’augmenter cette fameuse productivité. Mettre la productivité au service des citoyens qui pourraient tous profiter de ses fruits.Plus de travailleurs, c'est plus de cotisation et donc une couverture sociale plus forte.

Avec un partage équitable du travail, l’économiste Pierre Larrouturou estime que 1,5 million d’emplois pourraient être créés. Initiateur de la semaine de quatre jours, Pierre Larrouturou a été le premier à proposer du temps de travail partagé sur la base de la semaine de 4 jours à 32 heures. La répartition se ferait à la carte, en fonction de l’activité et de la profession. En échange de cotisations sociales, les entreprises s’engageraient à embaucher en CDI. Le concept a abouti à la « loi Robien » en 1996. Facultative, elle n’a été mise en place que dans 400 entreprises.

Pierre Larrouturou avait quitté le parti socialiste pour Europe écologie les verts, qu’il a également quitté ne retrouvant pas ses valeurs dans l’accord de campagne électorale en 2012 avec le PS .

Le cancer qui met à terre mon entreprise



6 octobre 2012

Depuis le début de la maladie, le temps c’est partiellement arrêté pour moi, uniquement pour moi. Pour le reste tout fonctionne au même rythme et du coup, de mon point de vue, tout s’accélère.

En temps normal, je suis plutôt du genre hyper actif, et ça m’a toujours bien aidé, entre autre pour le travail. J’ai toujours eu l’impression d’avoir un temps d’avance sur mes interlocuteurs. Maintenant je suis comme un vieux désorienté qui vient de subir un décalage horaire. Ça n’est pas sans conséquences.

La gestion de mon entreprise est au plus bas, les ouvertures de nouveaux marchés inexistantes, les pertes de prospections prometteuses ou de marchés en cours en constante progression, la trésorerie au plus mal. Je sais, pour mes fidèles lecteurs, je me répète un peu, rassurez vous, ce n’est pas dû à une dégénérescence cérébrale, les métastases sont beaucoup plus bas, c’est simplement une aggravation des faits.

Pour être clair, en très peu de temps je viens de perdre ¼ de mon chiffre d’affaires annuel. Je ne suis pas seul à travailler donc, au prorata, c’est autant que mes collaborateurs ne toucheront pas. Quand on travaille en réseau, si un des participants a une faiblesse et que les autres ne compensent pas, c’est tout le monde qui perd. Les plus vulnérables pourraient même être obligé de remettre en cause leur propre entreprise.

A l’origine de ce problème, le cancer, celui qui vous met à terre quand vous apprenez sa présence dans vos cellules, celui qui vous diminue vos semaine pour libérer du temps dédié aux examens, celui qui vous empêche de dormir et vous trouble l’esprit à longueur de journées et de nuits, celui qui vous créé des fatigues et des douleurs…

Sans rentrer dans les détails, le manque de présence et surtout le manque de concentration sont fatals pour l’équilibre de l’entreprise. J’en arrive à avoir plus peur des conséquences de ces pertes de contrats que de la maladie elle-même.

Le jeûne avant la chimio



5 octobre 2012

Le jeûne est pratiqué depuis longtemps sous couvert de diverses traditions religieuses ou culturelles; il a, récemment, gagné la faveur de la médecine alternative. Pour autant, les chercheurs en sont encore à explorer les pistes de privation de nourriture qui pourraient prévenir ou guérir certaines maladies et en cas de résultats concluants, comment.

Cette nouvelle étude a mis en évidence que chez les souris atteintes d'un cancer, le jeûne avant une chimiothérapie conduit plus sûrement à une réduction de tumeur que la chimio seule. Dans certains cas, la combinaison a même éliminé certains types de cancer. Cette combinaison jeûne-chimio pourrait prolonger la survie des patients atteints de cancer avancé à la fois par la progression tumorale et la réduction des effets secondaires. 

Valter Longo, professeur de biologie à l'Université de Southern California School et co-auteur de la publication, a travaillé avec son équipe durant 5 années sur plusieurs types de cancers (gliome, mélanome, neuroblastome, sein, ovaires) sur la souris. Ils montrent que le cancer a été sensibilisé à la chimio par le jeûne.
Dans ces nouveaux essais, les souris ont été autorisées à boire de l'eau, mais ont été privées de nourriture durant 48 heures avant le traitement chimio.
Chez les souris atteintes d'un cancer du sein, de mélanome ou de gliome, soumises à deux cycles de 48 heures à jeun avant leur chimio, leurs tumeurs ont été réduites bien plus que ceux chez les souris qui n'ont pas jeuné.

Les souris qui avaient un cancer métastasé et qui ont été mises en jeûne avant la chimio, une réduction de 40 % de plus dans leurs métastases a été mesurée, par rapport à celles qui n'avaient pas jeûné.

Plus encore : ces souris vivent plus longtemps après ce traitement. Avec deux cycles de jeûne et une dose élevée de chimiothérapie, 42 % des souris avec l'un des deux types de neuroblastome métastatique (tumeur solide extra-crânienne) ont vécu pendant plus de 180 jours, alors que toutes celles qui n'avaient pas jeûné étaient mortes. Le jeûne et la chimio ont eu un effet encore plus net dans un troisième type de neuroblastome métastatique : environ un quart des souris a vécu pendant plus de 300 jours, à tel point qu'elles semblaient ne plus avoir de cancer.

Le jeûne semble protéger les cellules normales des effets toxiques de chimiothérapie par le reroutage d'énergie nécessaire à la croissance vers la maintenance et les besoins vitaux. Mais les cellules cancéreuses ne subissent pas cette permutation et continuent d'être sensibles à la drogue qui induit leur destruction.

Le jeûne devrait renforcer le pouvoir des chimiothérapies sans avoir à recourir au besoin de médicaments de plus en plus toxiques. 
Bien entendu, le jeûne comme toute privation n’est pas simple à aborder. Rien que d’y penser, alors que je suis plutôt bon vivant, me donne des frissons. Il faut passer par des étapes de détoxication qui permettent au corps de s’habituer. Une période de détoxication peut par exemple être une ou deux journées à ne consommer que des légumes, des tisanes et surtout boire beaucoup.

Je ne prends pas l’engagement de le faire à court terme, mais en concertation avec mes médecins, c’est une piste qui me parait intéressante.

Le bonheur de parler à des êtres humains



2 octobre 2012

Ça y est, c’est fait, je suis pris en charge par une équipe médicale de Val d’Aurelle. Des êtres humains qui dialoguent avec leurs patients, qui expliquent où vous en êtes, qui vous parlent de la suite du traitement et voir même du délai et des résultats escomptés.

Une équipe qui reçoit les patients à l’heure, qui prend le temps de demander si vous n’avez pas d’autres problèmes en parallèle qu’ils pourraient peut être vous aider à résoudre, si vous n’avez pas besoin de conseils. Une équipe qui pour le prochain traitement de chimio vous donne une ordonnance pour prendre des anti-douleurs dès la veille et non pas seulement une fois que vous vous êtes plain de ces douleurs. Une équipe qui vous parle de votre maladie à long terme.

Pour être clair, je viens d’être libéré d’un milieu médical de rentabilité où, quand je posais des questions à mes interlocuteurs,  je n’avais pas de réponses, mais en regardant leurs visages ou leurs sourires complaisants je ne pouvais que m’imaginer le pire.

Aujourd’hui, je viens de discuter avec l’oncologue, qui va me suivre, des probabilités tout à fait raisonnables de mon état dans 1 an et demi à 2 ans. La sérénité reprend progressivement sa place, ça ne veut pas dire que tout est rose, mais on est plus disponible pour lutter contre un cancer quand on a des perspectives à long terme.

Un nouveau départ



1 octobre 2012

Demain, premier rendez vous avec l’oncologue du Centre Régional de Lutte contre le Cancer (CRLC) de la région Languedoc-Roussillon, Val d’Aurelle.

J’attends beaucoup de ce rendez-vous. Au-delà de l’accord de prise en charge par le centre pour me permettre de lâcher la médecine de ville qui suit ma maladie depuis 9 mois, sans prendre en compte le malade qui va avec. J’attends une communication franche et directe avec les soignants. C’est l’impression que j’avais eu lors du premier entretien avec le responsable de cette nouvelle équipe qui m’avait reçu il y a quelques temps.

Comme bon nombre de malades du cancer je souffre de ce silence du corps médical. La plupart des non-dits sont sûrement motivés par le doute voir l’ignorance. Moi, malade, je reste persuadé qu’il vaut mieux expliquer que la réponse est incertaine plutôt que de laisser le patient sombrer dans l’angoisse d’un silence trop lourd à analyser.

Actuellement je gère ma vie et mon entreprise au jour le jour avec en permanence ce doute qui ne me laisse jamais l’esprit totalement tranquille. Je ne sais pas où je vais, comment j’y vais et pour combien de temps. Sur cette base, je peux tout imaginer mais sans aucune objectivité puisque ce non-dit génère le pire. Pour guérir ou tout simplement pour avancer j’ai besoin que l’on me balise un peu le chemin. Je n’ai pas peur du pire, je ne supporte pas cette incertitude qui pourrit ma vie et celle de mes proches.

Le silence d’un médecin vis-à-vis de son patient, c’est ni plus, ni moins que du mépris. « Il n'est réplique si piquante que le mépris silencieux. » Montaigne avait bien senti la force néfaste de ce terme.