Impact des pesticides sur les cancers et sur la santé de la planète.

22 mai 2016

Hier c’était la journée de la marche mondiale contre Monsanto et plus globalement contre les pourvoyeurs de pesticides et d’OGM.

J’ai bien évidement participé à cette marche sur Montpellier et j’en reviens bouleversé par rapport à une mobilisation et une organisation minable.

J’ai depuis toujours milité dans des domaines où l’on pouvait me considéré comme un utopiste illuminé, à la marge de l’intérêt que chacun porte sur son voisin dans cette société égoïste et insouciante. J’ai une grande expérience de ces échecs de revendications que nous avons porté avec un petit groupe de Don Quichotte, mais une participation d’à peine une poignée de manifestants pour un sujet qui concerne la santé de tous est très choquante.

Vous ne pourrez pas prétexter que vous ne saviez pas, que l’information n’était pas passée. Depuis quelques années et de façon encore plus intensive sur ces 6 derniers mois, l’actualité sur ce danger est quotidienne.

Des publications de recherches de l’INSERM, «il semble exister une association positive entre exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l’adulte: la maladie de Parkinson, le cancer de la prostate et certains cancers hématopoïétiques (lymphome non hodgkinien, myélomes multiples).» Expertise Inserm publiée en juin 2013, une pétition de médecins alerte également sur ce sujet (Lien vers le site), les informations des médias sur les tergiversations de la commission européenne autour d’une interdiction probable de mise sur le marché de ces poisons.

Mi-mars 2015, Monsanto apprenait une bien « triste » nouvelle pour ses affaires. Son glyphosate (ainsi que quatre autres pesticides), présent dans le RoundUp, a été classé « probablement cancérogène » par les spécialistes de l’OMS (Lien vers le site).
Le travail des lobbyistes a porté ces fruits et fait son chemin, le  12 mai 2016, une majorité de sénateurs s'est prononcée pour continuer d'utiliser les insecticides néonicotinoïdes, dits « tueurs d’abeilles » (Lien vers le site).

Interpellez vos élus sur ces sujets, ne les laissez pas utiliser votre vote uniquement pour leur confort.

Il faut être sourd pour dire aujourd’hui que vous n’êtes pas informé et directement concerné.

Le nombre de cancer est en constante progression et les malades de plus en plus jeunes. En 2015, le nombre de nouveaux cas de cancer en France métropolitaine est estimé à 385 000 (211 000 hommes et 174 000 femmes) et le nombre de décès par cancer, à 149 500 (84 100 hommes et 65 400 femmes).
Le cancer du poumon reste de loin le cancer le plus meurtrier chez l'homme, devant le cancer colorectal et le cancer de la prostate. Chez la femme, le cancer du sein se situe en tête de la mortalité ; le cancer du poumon arrive juste après et le cancer colorectal se situe toujours en troisième position.

Comment expliquez-vous l’apparition de cancer de la prostate chez des personnes de moins de 50 ans n’ayant aucun antécédent héréditaire. Comment expliquez-vous cette augmentation des cancers du sein, du colon, des testicules, les lymphomes, la maladie de Parkinson…

Du latin, Pestis (fléau), les pesticides sont présents partout dans l’environnement. On peut les trouver dans l’air (air extérieur et intérieur, poussières), l’eau (souterraines, de surface, littoral, …), le sol, et les denrées alimentaires (y compris certaines eaux de consommation), et dans votre assiette.

Depuis plus de trente ans je vis au bord des vignobles qui sont copieusement pulvérisés chaque semaine d’avril à août. J’ai travaillé en période de chômage dans des cultures intensives de fraisiers où j’ai rapidement contracté une allergie transformant l’aspect de mes mains en éléphant man.

Aujourd’hui je vis au rythme de mes effets secondaires en enchaînant des cures de chimio.
Ça peut durer longtemps, ma vie n’est peut-être pas menacée à court terme, mais elle est pourrie à jamais.

C’est de la responsabilité de chacun d’enrayer ce processus. Nous ne sommes pas des moutons, du moins je l’espère.

Le Cancer a changé ma vie

20 mai 2016

Tous les malades ou anciens malades vous le diront, la vie avec ou après un cancer est très différente de ce que vous avez vécu précédemment et en particulier tout ce qui touche à la notion du temps et à la façon de le gérer. Même si cette mutation vous parait évidente, cela ne se résume pas à une simple façon de percevoir la vie ou la mort.

Les priorités changent, l’essentiel n’est plus le même, les points de vue et idées sont remis en questions. La personne dans son entier subit une mutation psychique et physique. Avec une violence sans nom, on se retrouve dans le réel, et il n’est plus question de composer son personnage, il faut reprogrammer les notions fondamentales et sa place dans l’univers.

Toute ma vie a été centrée sur le travail et les résultats. Le fait d’avoir développé ma propre entreprise ne m’a donné qu’une illusion de liberté, c’est quand j’ai été obligé de m’en séparer que j’en ai pris conscience. J’ai subi comme une crise de manque. Une peur de la précarité s’est installée et progressivement les différents soutiens m’ont permis de reprendre confiance en moi. Je n’ai plus le temps et l’énergie nécessaire pour endosser les tracasseries quotidiennes et du coup je suis plus ouvert à mon entourage même si de vieilles séquelles de caractère fort pointent quelques fois. Je pense être moins indifférent et plus à l’écoute.

J’ai la chance d’être bien entouré et ce soutien permet également de relativiser sur mon propre ego. Mes souffrances sont très largement partagées. Les peurs et les angoisses sont bien plus présentes dans mon entourage que sur ma propre personne; ça mérite le respect et m’oblige à minimiser sur mon compte.

Le cancer a changé ma façon de vivre, je suis beaucoup plus dans le présent que je ne l’étais avant la maladie, je déguste chaque instant, fais abstraction du passé, n’appréhende pas l’avenir avec angoisse. C’est très paradoxal, je sais qu’aujourd’hui mon cancer aura une issue fatale mais je n’ai pas de stress particulier quant à cette fin. Mon état d’esprit est définitivement installé dans une forme de résistance.

Depuis quatre ans et trois séries de cures de chimio, j’ai appris à gérer ma fatigue et mes douleurs. Je sais m’évader plus facilement avec un bon livre, je passe toujours autant de temps en cuisine avec grand plaisir et mon contact avec la nature est devenu beaucoup plus intense. Les premiers voyages se partagent entre le rêve des plus grands et la réalité et me font rentrer dans des cartes postales que je regardai auparavant dans des catalogues. Mes rêves sont loin d’être assouvis et j’entretiens ces désirs avec enthousiasme afin d’en profiter pleinement le moment venu.

Jean-Jacques Rousseau a écrit : « La jeunesse est le temps d’étudier la sagesse, la vieillesse est le temps de la pratiquer ». Je ne suis plus très jeune et la maladie peut me classer rapidement dans une certaine forme de vieillesse. Je ne me prends pas pour autant pour un sage et cette forme de réflexion sur le temps et la vie n’est qu’un écho de ce que ressentent une grande partie des personnes concernées par un cancer.
Malgré toutes ces bonnes paroles, nous ne sommes pas tous égaux devant le doute et la souffrance, pour certains, il subsiste une part d’angoisse et de stress. Ce blog contribue à minimaliser ce côté négatif par le partage et la communication avec un grand nombre de lecteurs. J’espère que vous pouvez y trouver autant de soutien que j’en ai dans vos messages et vos commentaires.

Effets secondaires, lendemain de chimio

19 mai 2016

Mardi dernier après ma période de congé j'ai eu ma troisième injection de chimio sur cette nouvelle cure de Taxoter.

J'avais déjà eu ce type de chimio il y a 4 ans au début de mon parcours et les effets secondaires avaient été particulièrement pénibles et marquants. Quatre années plus tard avec entre temps une autre série de chimio sous Jevtana qui n'avait pas été plus paisible, je retrouve ces lendemains de chimio avec son lot de douleurs.


Je ne sais pas trop comment vous décrire ces effets qui sont pour le moins perturbants. L'impression d'être un champ de bataille d'une guerre sans merci où toutes les armes sont expérimentés. Comme vous pouvez le constater, ça n'a presque pas d'effet sur le mental et d'ici quelques jours nous devrions aller beaucoup mieux.

Vendredi 13 avec mes états d’âme

13 mai 2016

Le dépaysement et l’exotisme ne sont pas aussi éloignés que l’on croit. De retour de ma cure de voyage entre deux cures de chimio, ma perception des regards d’un côté et de l’autre de la frontière pour deux pays voisins, n’est pas des plus complaisante pour mes concitoyens.

Comme tous les malades du cancer je porte des stigmates bien visibles des conséquences de mes traitements. Comme tous les malades du cancer je passe une partie de mon temps dans les salles d’attente et retire une certaine expérience de ces longs moments de silence où seuls les regards permettent de percevoir l’angoisse et la détresse. Comme tous les malades du cancer je suis sensible au regard des autres et plus particulièrement à ces vis-à-vis emplis de peur et de rejet.

Les Français n’ont pas une culture très développé sur la maladie et encore moins sur la mort. Le premier reflex totalement incontrôlé est souvent négatif, et cette dénégation de celui qui affiche sa maladie par ses blessures physiques est très violente pour le malade. Les cancéreux ne sont pas contagieux, et une bonne fois pour toute, il ne faut pas associer le cancer à la mort certaine, même si la menace est là.

Toutes considérations religieuses misent à part, la réaction des autres peuples est souvent moins négative sans sombrer non plus dans la compassion. Sur l’ensemble de mon séjour en Sicile, je n’ai jamais rencontré un regard équivalant à cette retenue que je côtoie quotidiennement sur mon territoire. Au-delà de la maladie, le Sicilien et les Italiens plus globalement ont un profond respect de la mort et de fait ne vont pas toiser la personne qui subit la maladie. Lors du décès d’une personne, des affiches avec sa photo sont plaquées sur le mur de son domicile et sur des panneaux d’affichage en ville. Les portes et fenêtres du domicile restent ouvertes pour faciliter le voyage de l’âme et aucun voleur n’oserait profiter de cette situation.

Des pratiques semblables sont courantes dans bien des pays à travers notre planète et cette culture de la mort, ce respect de la personne entraine une plus grande ouverture d’esprit vis-à-vis des malades et particulièrement des regards portés sur ces personnes devenues plus fragiles et plus sensibles que le commun des mortels.

Intégrer la maladie et la mort dans son analyse sociologique donne une plus grande ouverture d’esprit sur la vie et le respect de l’être humain. Avoir conscience de l’horizon nécessaire de sa mort est ce qui distingue l’homme de l’animal. Edgar Morin cite dans l’avant-propos de “l’Homme et la mort” : le mystère premier n’est pas la mort, mais l’attitude de l’homme devant la mort…

Donnez le même regard aux malades que celui que vous partageriez avec votre entourage pendant des moments de bonheur.