Taxotere le Speed Drink de mon cancer

05 avril 2016

C’est reparti pour des cures de chimio avec Taxotere ce poison qui détruit le malade et permet parfois de gagner du temps sur l’agressivité de la maladie. Dans l’urgence, j’ai rendez-vous avec un remplaçant pour ne pas perdre du temps à attendre une disponibilité sur l’agenda du médecin qui me suit en chimio d’habitude.

La maladie accentue le doute sur la confiance que l’on peut donner à un inconnu et cette façon de plus en plus pressante de pratiquer la médecine en étant contraint de répondre à des soucis de rentabilité ne permet pas d’être plus serein. Mon rendez-vous a été fixé à la première heure ; en arrivant à l’hôpital de jour, la salle d’attente est déserte, des trois secrétaires d’accueil, une seule est à son poste et le silence est d’or dans les couloirs de consultations. J’engage ma carte vitale dans la borne et en retire un coupon avec le n° 6. C’est bien la première fois que je suis en dessous du 50.

A ma grande surprise, très rapidement un médecin vient à notre rencontre en me tendant la main pour m’accueillir. En dehors de mon passage à l’IGR, je n’avais jamais vécu cela. L’homme d’un âge où d’autres sont déjà à la retraite est d’une courtoisie et d’une amabilité qui efface rapidement mes doutes. Nous faisons le point sur mes douleurs et mes besoins, il me pose des questions sur ma vie avec la maladie et prend tout son temps pour me donner des explications sur le déroulé de cette nouvelle série de cures. Ses explorations sur mon ressenti vont jusqu’à me demander si les picotements ou fourmillements que l’on ressent sur toutes les terminaisons nerveuses dans les 4 jours qui suivent l’injection ne sont pas trop agressive pour moi. Au cas où ces douleurs seraient trop fortes, il peut me prescrire un médicament adapté.
J’ai depuis trois jours une prémédication de cortisone qui devrait atténuer ces effets, mais je prends note de sa proposition. Il y a 4 ans, lors de ma première série de chimio avec Taxotere, personne ne m’avait indiqué ces douleurs récurrentes qui sont le minimum ressenti dans ce traitement et encore moins donné d’anti douleurs ou de prémédications.
Le médecin nous raccompagne dans la salle d’attente ; nous sommes à peine assis qu’il revient nous chercher pour nous indiquer la chambre en nous saluant de son sourire rassurant.

Je suis très agréablement surpris et un peu intrigué par ce changement de comportement sur ma personne. Le récent coup de gueule dans ma lettre ouverte aurait-il eu un impact, ou ma progression dans ce parcours incertain arriverait il à un moment où la compréhension et l’accompagnement du patient sont de rigueur. Le deuxième cas restant for improbable. De nombreux contacts m'ont fait part de leur désappointement devant ce manque d'humanité que l'on peut rencontrer aussi bien en France qu'en Suisse ou en Belgique.

En fin de matinée, j’étais libre. Du haut de mon nuage j’avais un peu de mal à communiquer et bien entendu, la fatigue a pris le dessus.

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