19 déc 2013
Depuis 4 mois, avec le
dernier traitement hormonal que mon oncologue m’a prescrit, mon état est plutôt
stationnaire. Pas d’amélioration, ça, c’est un peu trop dans le monde des rêves,
mais pour le moins, pas de détérioration non plus, enfin rien de palpable.
J’ai pris l’habitude
d’avoir quotidiennement des douleurs aux jambes et d’être obligé de limiter mes
déplacement, je prends également sur moi quand j’ai des crampes d’estomac
surement liées à l’impact des cachets que j’ingurgite, quant à la fatigue, elle
est devenue chronique et de fait ne m’inquiète plus tant que ça.
Comment peut-on
passer du statut de combattant à celui de résigné. Comment peut-on se faire
doucement anesthésié par ces toubibs qui ne disent rien au point que vous ne
voulez presque plus entendre.
J’ai la chance d’avoir
un minimum de confort dans ce voyage avec mon cancer, n’ayant que très peu de souffrance,
ce qui n’est pas le cas de tous les malades. Les seules douleurs qu’il faut
gérer sont morales, en partie par l’atteinte de l’incompréhension des organismes
financiers qui me pourrissent la vie. Mais là encore, il faut relativiser, j’ai
un toit, le frigo est plein et s’il se vide j’ai encore la capacité de le
remplir, je suis bien entouré par ma famille…
Je ne grossis plus, j’aurai
même tendance à perdre du poids, en même temps que je continue d’enfler et de conserver
ces flushs aux joues, bientôt de « tête de turc » mon alias va se
changer en « pomme d’api » et je perds de plus en plus de capacité d’analyse
et de réflexion.
Quand je prends le
volant pour conduire mon fils à la fac ou simplement aller faire des courses,
autant de parcours qui ne changent pas depuis longtemps, je me trompe
régulièrement à la sortie d’un rond-point ou au détour d’un carrefour. Quand je
participe à une conversation, j’ai des moments de silence où je cherche mes
mots. J’ai toujours monopolisé la cuisine pour faire déguster toute la famille
avec mes créations ou mes interprétations de recettes, je fais de plus en plus
de repas insipides, trop cuits, ratés.
J’ai passé toute ma
vie à être hyperactif, à faire plusieurs choses en même temps, à lire plusieurs
bouquins sur une même période avec des sujets différents. Je ne lis plus, je
bricole un peu et je m’emmerde…
Le blog reste le seul
exutoire où à force de concentration j’arrive à sortir ce que je ne peux garder,
mais l’expression devient de plus en plus difficile à maitriser et la
régularité incertaine.
Nous rentrons dans la
période hivernale, dehors il pleut, dans quelques jours nous auront des gelées
matinale puis du froid intense. Je haie cette période où je ne peux même pas
profiter de la nature.
J’attends, je ne sais
pas quoi mais j’attends placidement, de consultation en consultation, d’analyse
en analyse, je pointe les résultats et j’attends. L’alarme de mon téléphone
vient de sonner, c’est l’heure de mes médocs, sans cette alarme qui me rappelle
trois fois par jours, j’oublierai même cette obligation qui me tient en vie.
Je vous laisse, il
faut que j’aille prendre ces foutus médocs qui me tordent le bide.
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