23 déc 2013
Oui, je sais je vais
encore, une fois de plus, plomber l’ambiance et de plus la veille de Noël.
En parallèle des messages publiés sur ce blog j’ai développé quelques relations par courrier privé avec un nombre restreint de lecteurs. La qualité de ces échanges a très rapidement créé une forme de dépendance, un attachement particulier à ces personnes et à leurs histoires.
En parallèle des messages publiés sur ce blog j’ai développé quelques relations par courrier privé avec un nombre restreint de lecteurs. La qualité de ces échanges a très rapidement créé une forme de dépendance, un attachement particulier à ces personnes et à leurs histoires.
Il est très important
pour moi de ne pas rester isolé à se morfondre sur mon propre cas et de valider
à travers ces échanges une partie de mes allégations qui ne sont pas toujours complaisantes,
que ce soit pour le corps médical ou pour la perception des autres de cette
maladie.
Quand je parle d’attachement
particulier, c’est un peu flou à définir, je n’ai jamais rencontré ces
personnes, pourtant, je connais leurs douleurs, je partage leurs expériences,
comme à la lecture d’un bon roman, j’arrive à leurs mettre un visage et ils
m’accompagnent dans mon voyage.
Le Papa de C nous a quitté
il y a moins de 10 jours, j’ai du mal à trouver les mots pour exprimer ma
douleur. Comment peut-on pleurer quelqu’un que l’on ne connaissait pas
autrement qu’avec les récits communiqués par sa fille. Chaque personne qui disparaît
à cause de cette maladie bouscule ma perception sur des lendemains si incertains.
J’ai tellement de points commun avec ces anonymes…
Les larmes sont bien
entendu attachées à la disparition d’un être humain, mais au-delà elles sont
également l’expression d’un échec contre une maladie où avec l’aide des
meilleurs médocs, des dernières molécules que nous ingurgitons, quelques fois
avant même qu’elles ne soient dans le « commerce », l’issue reste la
même et le cancer est plus fort.
Alors oui, quand un
de mes compagnons de douleur nous quitte, je pleure la personne que je ne
connaissais pas et je tremble de tout mon corps en pensant au lendemain.
Il est faux de penser
que j’ai du courage, ce n’est qu’un masque. Je peux rire et plaisanter, je réponds
souvent de façon très désinvolte et favorable quand on demande de mes nouvelles,
simplement par reflex, alors que chaque jour une part de mon autonomie ou de
mes capacités au sens large disparait, et ça j’ai encore suffisamment de
lucidité pour m’en rendre compte.
Cette maladie a la
particularité de contourner les barrières qu’on lui oppose et doucement, insidieusement,
sans prévenir vous découvrez à l’occasion d’un contrôle qu’elle n’est plus là
où vous l’attendiez, elle s’est installée dans un coin plus propice à son
développement et il faut revoir tout le protocole, quand il reste des solutions
dans la pharmacie.
Le Papa de C avait 64
ans, au détail près, il avait subi le même enchainement de différents
traitements, hormonothérapie, chimio, Zytiga... Il avait un rêve, celui de
voler, pour les lecteurs assidus ça doit vous rappeler un certain passage du
blog, sa fille lui a offert peu de temps avant sa disparition un baptême de l’air
en montgolfière, je suis certain qu’il est parti avec ce souvenir en tête
alors, bon vent Papa de C.
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