Attaché à ma moustache



13 octobre 2012

Les canadiens qui sont beaucoup plus sensibilisés que nous au risque de cancer de la prostate lance tous les mois de novembre une campagne de sensibilisation. Les hommes qui participent à cette campagne se laissent pousser la moustache durant tout le mois de novembre et sensibilisent leurs proches sur la problématique du cancer de la prostate.

Personnellement, en tant qu’adepte de la moustache depuis toujours, j'aime bien l’initiative, il n’y a pas beaucoup de sensibilisation sur les causes qui touchent uniquement les hommes, donc autant en profiter. Le problème est qu’avec le temps, l’aspect sensibilisation a été relégué au second rang, au profit de la collecte de fonds et des photos d’hommes moustachus.

Cette information en dehors de son originalité bien canadienne me donne l’occasion de vous parler de ma moustache, de mon point de vue de malade du cancer.

A l’époque de la perte de cheveux suite à la chimio, je vous avais brièvement susurré quelques mots sur mon attachement à cette moustache, ne sachant pas comment l’exprimer de nouveau je vais reprendre les mêmes termes.

Ma moustache, tout le monde se fout de ma moustache, moi pas sans moustache je vais être à poil, enfin sans poil je vais être nu pour être plus précis. C’est sûrement le point le moins grave de la situation, C’est quand même une partie de ma personnalité qui va disparaître.

Depuis mon adolescence, je porte la moustache, je ne la porte pas pour faire genre, je la porte parce que je ne peux m’imaginer sans. Je l’ai rasé une ou deux fois dans ma vie, pas plus et pas longtemps, juste le temps de sentir ce malaise, ce regard des autres dans la rue.
C’est impensable, je sais, les gens dans la rue ne me regardaient pas, mais moi, j’avais l’impression de sentir leur regard, tous fixés sur cette absence de poil.

Avec le temps, cette moustache a affirmé sa présence et installé ma personnalité. Je ne me cache pas derrière ces poils poivre et sel, je porte cette marque de l’âge fièrement. C’est le détail qui fait que je ne suis pas comme tout le monde, celui qui me donne cette aplomb qui m’a sorti de ma timidité.  Essayez d’imaginer Charlot, Brassens, Ferrat, Freddy Mercury sans leur moustache…

Je ne vais sûrement pas du coup redevenir timide comme à ma prime adolescence, mais une certaine forme d’inconfort risque de prendre place. En tant qu’homme atteint par le cancer et traité par chimio, je n’ai pas été ennuyé de la perte de mes cheveux, gêné par les premiers froids de l’approche hivernale peut être mais pas par l’aspect physique.
J’ai rencontré lors de mes cures des femmes qui vivent beaucoup plus mal ce problème de calvitie. En les côtoyant, d’aussi près on sent bien ce sentiment de repli, ce n’est pas de la honte, c’est la crainte de personnes qui se retrouvent à l’extérieur, face au reste du monde, sans aucun rempart.

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